je ne souhaite pas
m'affranchir
du système,
mais vivre
dans son angle
mort...
Bouffer des bornes pour aller cracher mon cocktail de fesse, de crasse et de gnôle à la gueule de rustiques amorphes ! Lire comme une quiche ! Vanter les mérites d'un bouquin alors que le doute m'écrase ! Vendre à la criée ! Fourguer trois poches à des pingouins qui n'ont pas la moindre idée de ce que je ponds ! Vider les bourses comme la dernière des racoleuses !...
Mû par un réflexe machinal, je me redresse et détire mes membres puis je zappe sur un débat, une de ces joutes stériles entre experts. M'as-tu-vu-à-la-télé, trompe-l'oeil, veuves-poignet et autres saladiers qui promotionnent leur livre au passage ; charlots de la Table ronde, passés maîtres dans l'Art d'avoir toujours raison.
Jadis, j'ambitionnais de devenir acteur et rêvais de mes de mes quinze minutes de gloire, mais ça, c'était hier. Aujourd'hui, la comédie humaine est la seule forme de spectacle à laquelle je demeure sensible. Certains se pâment encore devant les vedettes, mais moi, je suis devenu un contemplatif. Je m'extasie devant l'essor d'un héron ou celui d'un geai des chênes, le cul rivé au banc d'un parc.
De notre côté, La P'tite vient de dénicher une guirlande déplumée dans un carton et s'est lancée dans la Guirlande Rythmique et Sportive. Bilan provisoire : trois verres morts et deux blessés graves...
Il me serait pénible de renoncer à la mer.La mer figure la liberté. Une liberté relative puisque nos demeurons aimantés à une bille tournant sur elle-même au milieu d'une nuit cosmique, mais une liberté tout de même. J'ai l'habitude de venir m'y ressourcer, chaque fois que je manque d'air, chaque fois que le ville menace de se refermer sur moi telle une dalle tumulaire.
N'empêche, je suis écologiste sans le faire exprès. Crypto-écolo, pourrait-on dire. Je ne porte que des fripes du siècle dernier, je tape à la machine, je ne fume pas, je ne pars jamais en croisière et je fais durer tout ce que je possède...
Retour à la cage à lapins, Marylin s'est justement lancée dans un grand nettoyage Feng Shui. Vacuum-cleaning ! Elle se débarrasse de tout ce qui encombre vainement sa vie. Je vais finir échoué sur le palier, à côté des poubelles à descendre, avec mes pornos du siècle dernier, ma télé-Lazare qui ressuscite tous les dix ans et mon tourne-disque qui refuse de jouer les 45 tours jusqu'au bout...
Au passage, il note que ses dents ont poussé de trois centimètres en un mois, ce qui n'est pas forcément signe de bonne santé.
Il m'arrache à la forêt amazonienne d'une nouvelle exotique de Cendrars, de celles qui vous font maudire votre sédentarité congénitale.