Voilà une autre croyance collective qui remonte là encore à notre passé judéo-chrétien où la valeur d'une action se mesurait à hauteur des sacrifices consentis et des souffrances engendrées.
Le mot travail ne vient-il pas du latin tripaliare, signifiant "tourmenter, torturer avec le tripalium"?
Le tripalium étant un instrument utilise sous l'antiquité auquel on attachait les animaux et les esclaves, c'est tout dire.
Ainsi nous rencontrerons fréquemment l'idée que le travail est quelque chose de rigoureux, pénible et sérieux, en un mot laborieux, le mot laborieux étant lui même issu du latin "labor" signifiant "peine", "effort", "fatigue", "travail", " charge"...
Un travail scolaire serait donc quelque chose de pénible. Oui, le travail est laborieux. Comme si la souffrance d'un apprentissage lui conféraient valeur et crédibilité.
Pour ma part, j’ai pratiquement généralisé l’utilisation du mot « jeu » plutôt qu’« exercice » à chaque activité : jeu verbal, jeu rythmique, jeu musical…
Évidemment, il s’agit de faire en sorte que cela ne soit pas qu’un « effet » de langage, mais que l’exercice présente un aspect ludique. Les élèves ne sont pas dupes et à la longue, le fait d’utiliser le terme « jeu » pour « exercice fastidieux » ne les fera pas longtemps prendre des vessies pour des lanternes. Cependant, avec un peu d’entraînement, vous pouvez rendre n’importe quelle activité ludique.
Avant chaque prise de parole en classe, pensez: concret/court/compréhensible par tous.
Or, s'interroger sur les mots que nous utilisons en classe revient nécessairement à s'interroger sur la teneur de la communication à l'école. Nous parlons souvent le langage de nos ancêtres, un langage basé sur les rapports de force et sur une représentation duale du monde : les forts et les faibles, les opprimants et les opprimés, les dirigeants et les dirigés.