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Citations sur Morgane, tome 1 : Fée urbaine (14)

L’éclat des lampadaires traversant la tempête faisait entrer une lumière orangée par les fenêtres du rez-de-chaussée. La maison était silencieuse. Mozart s’était tu…
Je sortis de ma chambre et descendis au sous-sol. En arrêt devant sa porte, je regardai par le trou de la serrure pour voir s’il y avait encore de la lumière. Je ne vis que la faible lueur des chandelles. Je respirai profondément, nerveuse, et toquai deux petits coups.
Il ouvrit la porte, seulement vêtu d’une paire de jeans. Ses cheveux noirs flottaient sur ses épaules nues. Mon cœur se mit à accélérer, mes mains devinrent moites. Comme il était beau… J’aurais dû rester couchée.
Il m’attirait. Il m’attirait vers lui sans que je puisse résister.
J’essayai de me donner une contenance en expliquant la raison de ma visite :
– Je viens m’excuser de t’avoir fermé la porte au nez.
– Et tu es venue me voir parce que tu ne pouvais pas t’endormir sans t’excuser, c’est ça ?
– Euh… exactement.
Il hésita quelques instants en me regardant dans les yeux. Il avait l’air de se demander si j’éprouvais les mêmes désirs que lui. Car lui aussi, maintenant, avait le cœur qui palpitait. Je pouvais le voir s’exciter sous sa poitrine.
Enfin, il prit ma main.
Il m’attira. Il m’attira vers lui sans que je ne puisse résister.
Et la porte se referma.
Nous fîmes l’amour à la lueur de trois chandelles vacillant dans un courant d’air froid. Une nuit blanche au cœur d’une nuit noire…
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Samedi soir, chaude nuit de février. Je retrouvais celui qui me faisait vibrer, qui me faisait se sentir en vie…
Alexandre laissa sa voiture devant mon immeuble et nous partîmes à pied. Je portais une longue jupe noire que le vent faisait danser autour de moi. L’air était frais, mais je me sentais bien, respirant à pleins poumons, comme si depuis quelques mois j’avais manqué d’oxygène…
Nous croisâmes des jeunes sans domicile fixe, désillusionnés de la vie, des junkies, des dealeurs, des filles vendant leur corps. Des enfants blessés, sales et mal habillés, cherchant de la chaleur, de l’amour, des escaliers pour le paradis...
J’avais aussi grandi dans des rues comme celle-ci. J’avais traîné mon adolescence dans des ruelles sales, pleines de poubelles et de désespoir... Et j’y avais survécu.
Nous marchâmes un bon moment, enveloppés dans les vapeurs de la nuit, avant de rejoindre la rue Saint-Denis. Arpentant les trottoirs animés, nous passâmes devant des cinémas porno et des sex-shops annoncés clairement par des néons roses. Nous croisâmes un mendiant à qui nous donnâmes les quelques sous que nous avions en poche.
Les nuages recouvraient la lune immaculée comme une main devant des yeux innocents pour qu’elle n’éclaire pas ces rues de débauche.
Un peu partout, les enfants de l’ombre commençaient à violer les lois…

Juste avant d’arriver à la boîte de nuit, nous passâmes devant un étroit passage entre deux bâtiments. Alexandre saisit ma main. Je le regardai dans les yeux : il avait encore cette lueur dans le regard. Il me murmura quelques mots à l’oreille. Une idée obscène…
Je le suivis, impulsivement. J’avais envie d’être seule avec lui. Lorsqu’il me regardait avec ses yeux de vampire, étincelants, j’étais envoûtée.
Nous entrâmes dans la pénombre.
Alexandre me colla contre le mur de pierres.
Mon cœur prisonnier cognait dans ma poitrine comme s’il y étouffait.
– Je t’aime, Morgane, murmura-t-il à mon oreille. Je veux que tu sois à moi.
– J’ai déjà un…
Il posa son doigt sur mes lèvres pour que je me taise. Un amoureux… songeai-je. Mais cette pensée ne fut pas suffisante pour que je le repousse.
Il enleva son doigt et posa un baiser sur ma bouche. Un baiser humide, qui se prolongea…
À cet instant précis, je tombai amoureuse.
Et nous caressâmes nos corps un long moment…
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J’avais le cœur qui s’allégeait ; l’aventure m’appelait. Elle me murmurait de partir de me laisser porter par le vent...
Je sentais que je devais y aller. Pour vivre ma jeunesse, pour réaliser mes rêves…
Des idées farfelues envahissaient mon esprit exalté. Le genre d’idées qui vous passent par la tête lorsque vous en avez assez de vous éterniser dans l’adolescence, assez d’être ni jeune ni vieux, ni innocent ni sage. Lorsque vous en avez marre des autres, des adultes, ou enfin, de ceux qui se croient plus adultes que vous. Lorsque vous avez l’impression que chaque jour se dissipe, n’apportant rien de nouveau, en un perpétuel recommencement. Le genre de pensées qui vous hantent lorsque les ailes vous démangent…
Julien me redonnait espoir. Et dire que j’avais cessé de croire en lui, de croire en nous. J’avais oublié ce qui faisait que nous étions différents, nous qui avions compris que la vie était trop courte pour laisser filer le temps.
J’allais donc courir après le temps au lieu de le laisser glisser entre mes doigts...
Dès la fin des classes, je partirais pour l’Italie.
Où je ne serais plus celle que j’étais ici…
Où je ne parlerais plus comme je parlais ici…
Où je ne vivrais plus comme j’avais vécu…

Ce jour-là, j’allai acheter mon ticket de train pour que je ne puisse plus reculer.

C’était un ticket bien ordinaire si on le regardait rapidement.
Avec des lettres et des chiffres. Une heure, une date, une destination…
Mais si on l’observait dans la pénombre, sous un rayon de lune ou à la lueur d’une chandelle, il en était tout autre.
Il devenait un trésor.
Il devenait l’espoir...

Je pensais demeurer en Italie deux semaines. Puis, à moi la Suisse, l’Autriche, l’Allemagne, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie…
Cet été, je parcourrai le continent dans ces trains remplis de voyageurs assoiffés de paysages nouveaux, en quête d’aventures. Je foulerai de mes godasses les rues de Prague, de Berlin et de Varsovie. Je visiterai les châteaux, les églises et les vieux monastères. Et je marcherai hors des sentiers battus, là où les touristes ne vont pas, là où les gens vivent tranquillement sans se soucier de vendre des souvenirs.
J’irai me perdre en Roumanie, dans les Alpes de Transylvanie, comme une gitane sans peur et sans attaches. Comme dans ce rêve de la nuit dernière… un rêve rempli de mystère… un rêve qui me disait que quelque chose m’attendait là-bas, non pas quelque chose à voir, mais à vivre.
Le mystère et l’aventure faisaient battre mon cœur déjà perdu dans la brume de ces contrées lointaines, peuplées de mythes et de légendes...
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Le lendemain, nous partîmes pour Venise.
Par la fenêtre du train, je regardais les champs et les collines verdoyantes dont j’avais si souvent rêvé…
Le train entra en gare. Mes pieds frétillaient à l’idée de parcourir les rues labyrinthiques de cette cité mythique. De la gare, nous prîmes un vaporetto, un de ces petits bateaux qui voyageaient le long du Grand Canal, pour nous rendre au cœur de la cité, place Saint-Marc.
Débouchant sur la place, j’eus le souffle coupé par sa splendeur. Le cœur léger, nous marchâmes vers le palais des Doges, au milieu des centaines de pigeons que nourrissaient les touristes.

À l’entrée du Grand Canal se dressait le palais des Doges, immense palais doré montrant Venise la magnifique au sommet de sa puissance.
Et juste devant, me regardant de haut, le lion ailé de Saint-Marc...
J’avais vu Venise, je pouvais mourir…
Mais non : j’avais vu Venise, je pouvais renaître à la vie !

J’observai longuement ce palais fascinant, qui devait empoigner le cœur du marin s’approchant de la ville par la mer Adriatique. Jusqu’au XVIIIe siècle, ce bâtiment abritait les prisons de Venise, dans lesquelles fut détenu Giacomo Casanova, le seul à jamais s’en être évadé.
Casanova… m’aurais-tu séduite si j’avais été une belle Vénitienne ? Aurais-tu été pourchassé pour cela par un amant ou un mari jaloux ? T’aurais-je caché sous mes longs jupons pour te sauver la vie ? Venise au XVIIIe siècle, quel beau rêve…
Pourquoi ne pouvions-nous pas remonter le temps ? Paris au XXIe siècle me paraissait une punition quand je songeais que j’aurais pu naître dans le Japon du XIXe siècle, dans l’Empire inca au XVe siècle ou encore dans l’Égypte antique.
Ou y avais-je peut-être réellement vécu, sous une autre identité : geisha, reine inca ou fille d’Isis ?... Ce qui expliquerait l’emballement de mon cœur à la seule évocation de ces civilisations légendaires…

Nous déambulâmes des heures durant, sans but précis, sans carte, dans ces rues tortueuses. La cité nous avait emprisonnés, mais nous préférions nous perdre en elle plutôt que de nous y retrouver…
Dans chaque villa, monument et palais, au détour de chaque rue ressurgissait le passé glorieux de la Sérénissime République. Sur chaque petite place planait encore le merveilleux parfum de l’époque de Don Juan…
Un sentiment de bonheur éclairait nos visages à chaque pas posé sur le pavé de cette ville éternelle, immense musée en plein air dont les trésors architecturaux se dressaient fièrement sous le ciel bleu.

Après le coucher du soleil, nous fûmes étonnés de voir combien la ville était calme. Dès que l’on s’éloignait de la place Saint-Marc, les rues étaient désertes.
Le romantisme de Venise ayant sur nous une forte influence, nous commençâmes à nous embrasser sur un pont désert au-dessus d’un canal.
Quand nos lèvres se désunirent, je me sentis stupide d’avoir fait cela. J’aurais dû le repousser, mais Venise, sa magie et son mystère m’avaient envoûtée.

Embrasser à Venise les lèvres d’un amoureux qui n’en était plus un…
Nostalgie romantique...
Geste éphémère au cœur d’une cité aux deux visages : beauté absolue cachant une multitude d’illusions et de tentations.
Dernier soupir d’un couple qui s’était perdu.
Dernier soupir d’une cité en déclin qui s’enfonçait tranquillement dans la mer...
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