Classé confidentiel, tome 1 : Une si sublime créature

On savoure d’autant plus les victoires quand on est conscient des enjeux et de la gravité des conséquences.

C’est une sensation qui m’est familière. On tient des jours et des jours, et puis tout à coup, ça vous percute comme un train lancé à pleine vitesse.

Je trouve les armes plus efficaces, mais je peux aussi me servir de mes mains, en cas de besoin

Elle ouvrit néanmoins la bouche pour nier, mais Willa se pencha par-dessus la table en plissant les paupières.
— Je te préviens, beauté, fais très attention à ce que tu vas répondre. Car je vois tourner les rouages de ton cerveau en vue de me sortir une connerie. Tu pédales si vite qu’on dirait un hamster dans sa roue.

Quand ils s’installèrent pour manger, il leva sa bière pour proposer un toast, les yeux scintillants :
— Aux mensonges, aux tromperies, au vol et à l’ivrognerie…
Elle sourit d’entendre leur vieux rituel.
— Si tu dois mentir…
— … mens pour un ami.
— Si tu dois tromper…
— … trompe la mort !
— Si tu dois voler… ?
Souriante, elle se pencha vers lui.
— … vole un cœur, termina-t-il avec un soupir, en portant la main à sa poitrine dans un geste théâtral.
— Et si tu dois boire…
Elle cogna sa bouteille contre la sienne.
— … bois avec moi. 

Wyatt dirige un service baptisé « Protection des effectifs humains ». Derrière la terminologie, tu peux lire « kidnapping, demandes de rançon et tentatives d’assassinat sur des chefs d’entreprise ou membres de gouvernements », ce genre de trucs. En gros, une agence de sécurité privée destinée aux grosses huiles souscrivant à la compagnie d’assurances.
Jack était désormais plutôt intrigué par la perspective d’hériter d’une sorte de James Bond en guise de voisin. Il devait admettre que la dernière fois que quelque chose sans aucun lien avec le travail l’avait intéressé remontait à bien longtemps. Avoir un voisin dont les réunions hebdomadaires consistaient à gérer des demandes de rançon, c’était sans doute ce qu’il avait connu de plus excitant depuis des mois.

Samantha était une beauté, sans aucun doute, mais seul un imbécile se laisserait distraire par son apparence. Au cours des trois semaines durant lesquelles ils avaient travaillé ensemble pour finaliser ce contrat, il s’était parfaitement rendu compte à quel point son allure lui servait à détourner l’attention de sa vivacité d’esprit. C’étaient ses yeux qui la trahissaient. Ce regard froid, ces pupilles couleur obsidienne qui voyaient et emmagasinaient tout.