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Critique de Allantvers


Prends garde, lecteur, de ce que la sève subversive de ce roman, qui parle à tes entrailles les plus intimes pour mieux atteindre tes pensées, est capable d'ensemencer en toi!
Foi de païenne subjuguée par ce grand Pan littéraire, l'outrage aux bonnes moeurs et au bien penser qu'il nous feule à l'oreille porte en effet bien plus loin que la réputation de sensualité sulfureuse qui l'entoure : c'est en effet contre rien moins que la société bourgeoise toute entière que la puissance érectile de ce brûlot s'érige.

De sensualité érotique il est pourtant bien question, très bien même, avec des pages splendides sur le chemin vers l'épanouissement sexuel de Lady Chatterley, la fusion charnelle avec Oliver Mellors et la puissance cathartique de cette relation. Les mots sont crus mais d'une rare justesse, profondément sensuels mais sans aucune vulgarité.
Mais autour de l'histoire de ces deux corps qui forment la charpente du récit, c'est la dénonciation d'un monde délétère que l'auteur nous donne à voir, et à repousser avec autant de dégoût que l'on a de volupté à percevoir l'élan vital qui unit les deux amants au coeur du petit bois dans lequel ils se retrouvent comme sur un îlot préservé de la déréliction : c'est avec des mots laids, froids comme de la celluloide que sont évoqués la société industrielle envahissante en cet après-guerre, envahie de machines, gouvernée par une élite morbide et gangrenée par l'argent.

Il fallait bien au moins la force du scandale d'une Lady couchant en-dessous de son rang, accouplée à la figure magnétique du personnage d'un garde-chasse volontairement retiré du monde, pour que porte ce cri de révolte contre une modernité en voie de déshumanisation, qui résonne d'ailleurs aujourd'hui de manière très actuelle, et face à laquelle le sexe comme énergie primale est le seul fragile rempart à opposer.

On aura compris que j'ai été subjuguée par ce roman brûlant et désespérant, prophétique et intemporel, et que je ne peux le recommander que chaudement!




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