AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Arimbo


Un très beau roman.
C'est à un âge bien avancé que j'accomplis la lecture de ce roman dont j'avais entendu parler dès ma jeunesse, notamment en raison de ses "scènes de sexe". Mais, même si les scènes d'amour y sont explicites, ce qui a dû être bien "shocking" à sa parution (ceci-dit, c'est maintenant assez commun chez les auteurs contemporains!), ce roman ne se ramène absolument pas à cela.

J'ai beaucoup apprécié la complexité des personnages, la finesse de la réflexion sur la relation amoureuse, la description de la société aristocratique anglaise des années 20.

Ce récit est d'abord l'histoire d'une passion amoureuse, avec toutes ses exaltations physiques et morales, et aussi ses tourments, entre Constance Chatterley, une femme de l'aristocratie éprise de liberté, rétive aux valeurs que porte son mari dont elle va progressivement se dégager, et un homme du peuple, le ténébreux garde-chasse, Olivier Mellors, un homme à la fois intelligent et fruste, un homme lui aussi épris de liberté et refusant l'asservissement des gens de sa classe au monde industriel. Cette passion va amener Constance, après beaucoup d'atermoiements, à quitter son mari Clifford.
J'ai vraiment été agréablement surpris par la finesse d'analyse de ces deux amants, de leur force et de leur fragilité, mais aussi celle du mari, le baronet Clifford Chatterley, personnage revenu paraplégique de la guerre, prisonnier impuissant de son propre corps, mais aussi de son égoïsme, de son esprit de classe et de ses certitudes mentales.
Et de la description aiguisée de toute une série d'autres personnages, telle la gouvernante Madame Bolton, Hilda la soeur de Constance Hilda, son père Alexander, les aristocrates gravitant autour de Clifford Chatterley...

Mais ce récit va beaucoup plus loin. C'est aussi une description très profonde de l'aristocratie anglaise d'après la guerre 14-18, une aristocratie à la fois méprisante pour la classe ouvrière qu'elle fait travailler dans ses mines de charbon, mais aussi fatiguée et dépassée par le monde qui change, alors qu'elle voudrait que rien ne change.

C'est aussi, au travers de la description des aristocrates et des propos de Mellors, une critique, encore d'actualité hélas, d'un monde industriel, patrons comme ouvriers, obsédé par l'argent, la possession matérielle, et qui en perdant son lien ancestral avec la nature, va à sa perte.

Le récit comporte parfois des longueurs, par exemple le récit du séjour de Constance à Venise m'a semblé superflu. La fin est un peu rapide, mais on ne peut pas en faire de reproches à l'auteur, après tout, on retrouve aussi cette façon de terminer dans de très grands romans De Balzac, Stendhal, Flaubert...
Commenter  J’apprécie          151



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}