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Critique de valleg


valleg
31 décembre 2013
Quel bel amant que cet amant-là !

Ce roman est un hymne à la liberté, à la transgression, à la vie !

D.H.Lawrence érige la sexualité comme fondement de la connaissance de soi et l'amour comme force quasi révolutionnaire permettant à l'individu de se libérer de ses entraves, de s'émanciper de toutes contraintes sociales qui l'enferment dans un rôle.

C'est aussi un roman historique et social très riche sur l'Angleterre du début du 20ème siècle où l'essor industriel a considérablement modifié l'espace et les comportements humains.

L'auteur dresse un portrait très sombre et pessimiste de la société anglaise de l'époque. L'industrie minière a transformé les paysages, les mines rognant petit à petit les champs, les bois, les fumées des hauts fourneaux s'apparentant aux nuages. Les hommes ne sont plus que des demi-hommes, à l'âme corrompue par l'argent, à la pensée stérile et aux corps brisés par la guerre ou la mine.

Dans cet univers désincarné, Lady Chatterley s'étiole et trouve refuge dans la forêt, sorte d'ilot paradisiaque préservé de toute laideur, où elle va rencontrer Mellors, le garde-chasse, être écorché, épris de liberté.

Deux corps, deux désirs qui s'apprivoisent et fusionnent, deux âmes qui convergent l'une vers l'autre dans le respect de leur différence, deux êtres qui se libèrent du poids de leur destin respectif. Une alliance des contraires qui laisse entrevoir la possibilité d'un autre monde.

Il y a chez ces amants là une sensualité, une joie, un accomplissement qui renvoie à l'innocence originelle de l'amour et qui est de toute beauté.

DH. Lawrence joue sur l'opposition de ces deux univers, minéral et végétal, intellectuel et sensoriel, mortifère et vivifiant et excelle tout autant dans les descriptions de l'un comme de l'autre. L'environnement, les saisons sont très présents et accompagnent les sentiments de Constance, de sa désincarnation à sa renaissance comme si ils faisaient partie intégrante d'elle-même, corps avec son âme. L'écriture sensible, poétique et simple de Lawrence confère à l'ensemble une grande intensité.

Tout contribue à créer un univers intimiste, édénique contrastant avec le chaos ambiant et sa déshumanisation et donnant le sentiment d'un renouveau possible.

Il y a sans doute une certaine utopie dans tout cela, mais des utopies racontées ainsi, je veux bien que l'on m'en conte encore et encore…

Mon coup de coeur de l'année 2013 !
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