Nous ne pouvons pas nous laisser prendre au piège de la peur. Une existence vécue entre de tels murs n’est rien d’autre qu’une mort plus lente que la moyenne.
Un homme incapable de consentir des sacrifices est vaincu d’avance, prévôte. Il fut un temps où je disposais de la vie de ceux qui m’entouraient. Aujourd’hui, parfois, je me soucie de leur sort. Parfois, je souffre.
Il y a des moments où vous vous rendez compte que malgré vos facultés intellectuelles et votre tendance à pontifier, vous n'êtes qu'un simple passager promené par une chair et des os qui savent ce qu'ils veulent. Lorsque la peau rencontre le feu, elle cherche à battre en retraite et agit quel que soit votre sentiment sur la question. Il y a aussi des moments, quand un homme rencontre une femme, où les mêmes forces s'attirent au lieu de se repousser.
Les instants défilèrent au fil des ans, cruauté, lâcheté, acerbe vanité, un échec au détour de chaque choix pour m’empêcher d’être l’homme que j’aurais pu devenir, un chemin à travers le temps, jonché des épaves des vies que je n’avais pas eu le courage de protéger ou de réparer.
La prévôte trempa sa plume et commença à écrire.
- Ces Perros, ces frères de routes…, dit-elle en me décochant un regard froid, seront très bientôt traduits devant la justice. Par ce document, je mobilise assez de gardes pour les pendre tous.
- Ils sont tous morts, normalement. Sauf peut-être un ou deux qui se seront échappés.
Je me revis lançant la hachette, le premier homme qui levait les bras en s’effondrant, et le second qui disparaissait derrière la butte.
Un, rectifiai-je.
J’aurais bien aimé retourner là-bas pour le traquer moi-même.
La vie jette plus de sorts que n’importe quel nécromancien, et leur douceur les rend parfois doublement mortels.
Ce qu'il y a de bien à se raser avec un couteau, c'est de constater qu'il est parfaitement bien aiguisé. En dehors de ça (...) vous vous égratignez partout, n'en déplaise à la lame.
Un arbre poussait peut-être au cœur du monde d'un vieil homme. Moi chaque fois que je me tournais vers le centre, c'était une femme que je voyais.Comme la plupart des garçons.
- La décadence commence lorsque le budget que l'on consacre à l'embellissement de sa demeure devient plus important que celui qu'on affecte à sa défense.
Si Gai Luron mettait son point d'honneur à montrer sa réticence, mon mulet en était l'incarnation, lui, et je fus contraint de le tracter ne serait-ce que pour dépasser l'abreuvoir. Je le baptisai la Regimbe et l'encourageai avec un bâton. Au bout du compte, je parvins à mes fins, mais la Regimbe n'avait absolument pas envie d'aller là où je l'emmenais, le doute n'était pas permis. Dans le lot, c'était bel et bien lui le sage, il faut croire.