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Critique de lepoete


L'histoire : une femme ayant vécu son enfance dans la Bulgarie opprimée par le poids de l'union soviétique omniprésente. Elle apprend la langue française durant cette enfance puis dès que le mur tombe, elle décide de partir vers la France de s'y installer et d'y vivre. Voilà 20 ans passé dans ce pays qui n'est pas sa patrie d'origine, mais qui baigna son enfance par les idées de liberté et des droits de l'homme qu'elle véhicule et qui touchent le monde. On comprend qu'elle doit demander l'aide d'un psychiatre pour sortir de son malaise intrinsèque qui l'a conduite vers anorexie, mais pas tout de suite, ce sont des bribes de pensées qui s'imbriquent comme un puzzle. Au début du roman, un un autre personnage pointe le bout de son nez, le psychiatre lui-même vu et parlant à travers ses yeux à elle, tout aussi amoché qu'elle si ce n'est plus puisqu'il a subit la terrible épreuve des camps de concentration nazi. Un jeu subtil d'assimilation réciproque prend forme entre les deux êtres ; elle tombe amoureuse de lui, il se retient, ne se livre pas vraimet car il se sait condamné par un cancer qui le ronge.

Critique : J'étais attiré par certaines critiques et par le résumé de l'éditeur. J'ai un à priori favorable et je suis plein d'entrain à l'idée de découvrir un nouvel écrivain.

Le muscle du silence, un titre énigmatique qui attire l'oeil du lecteur que je suis.
Dès les premières pages je suis enchanté : un livre où l'on fait la part belle au passé simple, "temps" que je ne vois plus depuis bien longtemps dans l'écriture contemporaine.
Un peu décontenancé par le style qui passe d'une histoire où le sujet conteur et successivement féminin ou masculin, je pense tout d'abord qu'il s'agit d'une erreur de français, mais comme cela se répète, ce ne peut être une erreur ! Je m'aperçois qu'elle fait converger l'histoire de son psychiatre avec la sienne. Les parallèles sont si précis et judicieux que l'on pourrait penser qu'il s'agit d'une seule personne vivant deux vies. Elle a un don particulièrement percutant pour raconter la misère et le désespoir. le ton est grave mais le style léger ; ce n'est pas analytique mais l'on sent que l'assimilation des deux types d'oppression sous un même angle est très habile et persuasif. Est-ce que la Bulgarie du temps de l'oppression soviétique est la même chose que la négation de l'être humain voulue par Hitler ? Toute cette première partie du roman est passionnante et emmène doucement le lecteur vers l'indicible avec un malaise naissant bien présent, bien dérangeant.
La suite nous plonge dans la maladie, le cancer et le désir d'amour à peine ébauché. L'intérêt tombe petit à petit sans que l'amour soit vraiment abordé. Il faut comprendre que la patiente tombe amoureuse de son psychiatre et ne se consacre qu'à lui pour l'aider dans ses derniers moments de vie, c'est donc une vraie preuve d'amour, mais elle ne le dit pas. J'ai bien compris qu'elle désirait cet homme, qu'elle aimait cet homme, qu'elle s'était quelques fois donnée à lui, mais comme une anecdote, par contre je n'ai pas ressenti de ce que j'ai connu de l'amour moi-même. Aucun élément ne me permet de reconnaître à travers ce livre ce qu'est l'amour, le vrai, celui qui dépasse toute personne qui en est frappé, qui transcende, peut-être est-elle incapable de raconter le bonheur, son enfance l'a t'elle bridée pour sa vie toute entière.
En résumé, l'auteur est très douée pour analyser la peine, la peur la souffrance et nous rendre les effets tangibles, mais elle a dû trop souffrir car elle est incapable de se lâcher pour décrire ce qui transforme tout être ayant connu l'amour. Rien de sublime, d'étonnant, un pâle description du désir. Très déçu par la deuxième partie du roman, je n'adhère pas à l'enthousiasme des critiques. Décrire la Peine et la Peur oui, l'indicible, oui et même avec beaucoup de tact. Mais quant à la description de la passion amoureuse c'est une piètre copie. En cela je rejoins la critique de patpepette pour la fin du roman, mais le style assez léger en bon français avec un vocabulaire riche, et le passé simple méritent une meilleure note c'est pourquoi je donne 3/5.
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