AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de donaldguertin


Attelez-vous! Camilla Läckberg entraîne les lecteurs dans un roman fictif, un essai sur les relations de couple tissées de dépendance, d'humiliation, de mépris, de mensonge et de haine; tout ce qui rend acide la présence d'autrui.

L'oeuvre s'inscrit avec justesse dans le mouvement @moiaussi. Ne vous attendez pas à lire un polar; bien au contraire, les lecteurs se retrouvent dans un roman pamphlet traitant des relations acides, celles qui détruisent la personne en lui substituant toute estime de soi. Certes, l'auteure conserve cette approche du genre polar en construisant le récit dans cette perspective.

Dans une première partie, elle prend le temps de placer adroitement les personnages, les circonstances, les événements en situant le lecteur à deux (2) moments de la vie de Faye, le personnage principal. Il faut remarquer que, dans une des situations, le personnage principal est le narrateur présent; dans l'autre situation, le narrateur est absent. Les personnages sont bien campés, les contextes bien situés; en filigrane, le lecteur peut anticiper les enjeux psychosociaux qui dominent les relations entre Faye et Jack, Faye et sa meilleure amie Chris. C'est un portrait « acide » la société bourgeoise suédoise.

En deuxième partie, Faye met en branle le projet de « vengeance » qu'elle a conçu pour détruire Jack qui l'a bannie et humiliée. le rythme du récit s'accélère comme si le temps pressait. Un personnage clé entre en jeu et devient la complice principale du projet de Faye. Ici, l'auteure montre toute l'intelligence que cultive l'être blessé pour surmonter la blessure viscérale de l'abandon, du rejet, de l'expulsion, de l'humiliation.

Dans la troisième partie, Faye met en place son plan de « vengeance » final, dont l'aboutissement sera la destruction complète de Jack qui l'a trahie et humiliée. Se faire proche pour mieux écraser l'adversaire qu'il est devenu. le lecteur doit se préparer à des révélations qui, sans justifier le geste, explicitent les expériences conduisant Faye à poser ces gestes.

Camilla Läckberg surprend les lecteurs par le genre qu'elle choisit, le récit pamphlétaire et les soumet à leur intelligence. La majorité des fans de Läckberg s'attendait à un autre polar, et non! L'auteure raconte l'histoire plausible de milliers de femmes soumises, écrasées, humiliées dans toute la subtilité sociale de la société des riches, et des bourgeois. La réussite de l'autre aux dépens des êtres de son entourage : écraser et humilier, insulter et abuser, etc. L'auteure décroche ses opinions personnelles envers la réputation surfaite de certains « repères » culturels suédois! Subtiles, mais explicites.

Une oeuvre que j'oserais qualifier de substantielle, voire capitale, quant à l'audace du discours, un pamphlet social traité avec intelligence et doigté. Camilla Läckberg maîtrise la narration et elle le met au service de son récit à connotation éditoriale. Nul ne peut demeurer indifférent aux drames sous-jacents aux situations, même fictives, rapportées dans le récit.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}