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Critique de Seb91370


Sur-intellectualisation à outrance, sans intérêt et éloignée des aspirations des coureurs

Course à pied et philosophie, c'était un beau programme. J'y voyais pleins de thème à développer, avec moultes philosophies à convoquer, tant sur le corps, le mental, le voyage, la durée, l'effort ou sur des thématiques plus prosaïques mais pouvant amener à des réflexions plus larges : la blessure, l'entrainement, la technologie, le contrôle de soi, la discipline, etc.

42 chapitres courts comme autant de kilomètre d'un marathon (que c'est original...).

Les quelques qualités évoquées ci-dessous ne suffisent pas, loin de là, à rattraper la longue liste des reproche que je peux adresser à cet essai.

A réserver uniquement aux philosophes "planeurs", les amateurs (éclairés) de course à pied, qui auraient souhaité s'interroger sur leurs pratiques, n'y trouveront quasiment rien (sauf une perte de temps).

Ce que j'ai apprécié :
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- Stylé littéraire affirmé (l'auteur n'a aucun mal à s'exprimer de manière poétique)
- Quelques rares chapitres franchement intéressants et pertinents (des portraits de figures historiques, comme Zatopek, ou encore le chapitre 14, sur les notions de voyage, d'espace, de frontières, etc. Tout comme certains thèmes autour de la mort, de la vulnérabilité, de l'insatisfaction, de la stabilité)
- Lecture de type flânerie, en grande partie due au style : même sans comprendre grand chose au fond (voir ci-dessous, car il n'y a souvent rien à comprendre), la lecture reste fluide car l'auteur maîtrise tout de même très bien notre belle langue, ça en devient de la poésie presque
- Une défense de certains critiques de la course à pied (notamment Baudrillard qui tire à boulet rouge, de manière vaine, sans y rien comprendre, dans son livre)

Ce que je n'ai pas apprécié :
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- HORS-SUJET / VERBIAGE / SUR-INTELLECTUALISATION : 90% du livre est hors-sujet, avec des réflexions hors-sol, s'apparentant à de l'onanisme intellectuel : au mieux, du bavardage obscur, au pire, du verbiage fumeux destiné à masquer la vacuité du propos (j'ai fortement pensé à l'essai "Impostures intellectuelles" tout du long). L'auteur se sert d'un "prétexte" plus ou moins proche de la course à pied pour partir dans une direction totalement incongrue et qui ne parlera pas à 99% des amateurs de course à pied.
L'auteur passe sont temps à citer Deleuze, figure emblématique de la philosophie du verbiage et du creux (c'est mon opinion), et cela déteint sur lui : vous y trouverez donc le concepts fumeux d'agencement.
Les sujets évoqués, lorsqu'il sont approfondis, restent totalement éloigné des aspirations "moyennes" du coureur lambda
- CITATIONS ET SOURCES SANS AUCUN RAPPORT : quel que soit le thème d'origine (souvent éloigné de la course à pied), l'auteur s'emploie à introduire des citations et sources qui semblent avoir encore moins de rapport. Je citerai un seul exemple emblématique, page 261 : "Zombies et frontières à l'ère néolibérale : le cas de l'Afrique du Sud post-apartheid". Vous ne voyez pas le rapport à la course à pied ? Moi non plus et c'est le cas de la plupart des thèmes et citations.
- RYTHME ETRANGE : Rythme du livre non-linéaire : 50 premières pages passées à annoncer l'objectif (pas très clair) du livre ("Ceci n'est pas un livre mais un désir d'expérience", OK...), jusqu'au chapitre 5. Puis rythme normal jusqu'au chapitre 31. Et puis les 11 derniers chapitres sont évacuées en une soixantaine de pages (alors que certains thèmes auraient mérités plus d'approfondissement)
La quantité a été privilégié à la qualité : on aurait préféré avoir tous les thèmes "basiques" traités (plutôt qu'un picorage sans queue ni tête de métaphysique planant à 20km d'altitude
- PAS DE TRAIL OU D'ULTRA : l'auteur semble ignorer tout un pan de la course à pied, à savoir la course sur sentier (en montagne, forêt, etc.) et l'ultra (marathon, trail). Les courses de longue distance sont à peine évoquées (une mention d'un "100km")
- CLICHES DU COUREUR "CAPITALISTE" : l'auteur semble sans cesse vouloir caser de grands concepts : le coureur est l'expression malgré lui du système néo-libéral, capitaliste, consumériste, etc. Cette obsession vire rapidement au ridicule
- TICS DE LANGAGE agaçants des philosophes : mot-valise (le "devenir-zombie"), renversement des mots (illustration fictive : "l'utilité du devenir et le devenir de l'utilité"), etc.


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