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Critique de Ana_Kronik


Les français se sentent mal. Et pourtant, notre pays va bien. Comment expliquer ce phénomène? Après avoir démontré - statistiques à l'appui - , que c'est pas mieux dans les autres pays, Hervé le Bras en conclut que c'est psychologique. Si les Français ne se sentent pas bien, c'est parce qu'ils pensent que le futur sera plus sombre, en particulier pour leurs enfants.

Tout ça pour ça, est-on tenté de penser.

Mais au passage, ces statistiques nous apprennent beaucoup. Par exemple, que le travail des femmes a sauvé notre système de retraite, la progression du taux d'emploi féminin ayant compensé la baisse de celui des hommes. Que la France se classe parmi les meilleurs pays d'Europe en termes de logements surpeuplés: 40% des logements sont surpeuplés en Pologne, 25% en Italie, contre moins de 10% chez nous. Ou encore, que pour ce qui concerne le nombre de médecins et d'infirmières par habitant, la France se situe dans la moyenne européenne. Pas de quoi pavoiser, donc, mais pas de quoi se désespérer non plus.

On le sait, et nombre d'économistes bien pensants nous le rabâchent à longueur de journée, la France est un des pays qui dépensent le plus pour la santé et les retraites, et la redistribution des revenus y est très importante. D'où vient alors le fait que certains se sentent oubliés dans cette redistribution? On oppose souvent les habitants des grandes villes, ceux qui profiteraient de la mondialisation, avec ceux des fameux "territoires", qui en supporteraient tous les désagréments. Or, les chiffres d'Hervé le Bras montrent que les revenus ont progressé plus vite en dehors des pôles urbains: de 2001 à 2015, le revenu médian a augmenté de 18% dans les petites communes, contre seulement 8% dans les grandes villes.

En revanche, une inégalité persistante concerne la reproduction sociale: un grand fossé persiste. Les enfants d'employés, d'ouvriers, d'agriculteurs, d'artisans, n'ont que très peu de chances d'exercer une profession libérale ou de devenir cadre.

Un petit regret, si la décision politique est quelquefois évoquée en filigrane pour expliquer le passé et la situation actuelle, on ne trouvera pas vraiment de pistes concrètes pour orienter les actions futures, et remédier ne serait-ce que partiellement à l'état d'inquiétude - légitime - dans lequel se trouve notre société.

En filigrane, le livre montre aussi l'état de panne intellectuelle où se trouve notre sociologie, qui devrait peut-être s'efforcer d'analyser mieux le comportement et les réactions de nos contemporains, afin de les éclairer pour une meilleure action politique. Et ne pas réserver ce champ d'action aux adeptes des Trump et autres manipulateurs d'opinion...
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