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Critique de berni_29


Dans ce livre, Prendre les loups pour des chiens, Hervé le Corre nous plonge ici de nouveau dans le Bordelais qu'il connaît si bien et c'est une fois encore un très bon cru.
J'ai découvert depuis peu cet auteur et j'en deviens, lecture après lecture, un inconditionnel lecteur. J'avais particulièrement apprécié Après la guerre, autre roman d'Hervé le Corre, et donc Après la guerre, je me suis demandé, que vais-je lire maintenant de cet auteur ? Vais-je continuer de l'aimer ? Je me suis laissé guider en confiance par certains amis d'ici-bas, merci les aminches ! Et le résultat ne m'a pas déçu... Sortant de la noirceur poisseuse et humide de Bordeaux, je me suis retrouvé ici en terre un peu plus ensoleillée. Mais ne nous ne y trompons pas, Prendre les loups pour des chiens est un roman noir, pur jus. Rien à dire sur la couleur, si vous m'accordez que le noir le plus obscur peut être une couleur. Ici nous sommes à ciel ouvert, le soleil donne, mais la chaleur demeure lourde, pesante. Et ce que le noir peut révéler de lumière, ici c'est le phénomène inverse qui va se produire. Le soleil est âpre, le soleil n'est rien d'autre qu'une brûlure. Et l'ombre qui se déplie sous le fait de ses rayons n'est guère mieux dans ce qu'elle propose comme alternative pour se protéger.
Bon, je ne vais pas m'attarder sur le scénario, tout a été dit. Je vais quand même la refaire, en tâchant de ne pas trop m'attarder sur le détail mais plutôt de vous délivrer mon ressenti. Un certain Frank sort de prison au bout de cinq ans, pour un braquage commis avec son frère Fabien. Nous apprenons très vite que c'est Franck qui a pris pour les autres. Car c'est un gentil, un naïf, presque un pur à sa manière, dans le monde dans lequel il évolue. Jessica, femme sensuelle, compagne de Fabien, vient le chercher à sa sortie de prison, il est hébergé chez elle qui vit en même temps chez ses parents, avec sa petite fille Rachel. Fabien est en Espagne. Et le décor est planté : une famille toxique, pas un pour rattraper l'autre, les vieux sont glauques, Jessica est aguichante à midi et l'inverse le soir, quant à Rachel, la petite fille, attachante et énigmatique à souhait, semble prendre la main de Franck pour l'amener là où il n'est peut-être pas autorisé d'aller. Même le chien de la maison est un affreux Jojo. Et tout ce petit monde joyeux, allez hop tout le monde à la campagne ! fonctionne avec des combines, des coups tordus, des regards de travers qui font froid dans le dos comme la lame d'un couteau. Il faut bien vivre ou survivre. Survivre, c'est sans doute le mot exact. Nous découvrons un microcosme, hors sol, mais totalement réaliste. Une réalité d'une certaine vie, qui sans doute nous échappe pour beaucoup d'entre nous, et dont nous fait part Hervé le Corre. Derrière l'intrigue et le rythme qui nous prennent à la gorge, c'est une peinture sociale sans concession. Les détails vont au plus profond de ce que peut être la précarité : une caravane posée au fond d'un hangar comme hébergement, son odeur rance au-dedans, des bagnoles aux moteurs éventrés qu'on bricole avec les moyens du bord et qu'on revend auprès de gitans, des canapés défoncés, des petits boulots à côté, des magouilles, des bocks de bière qu'on ouvre pour égrener la torpeur des journées... Et Fabien qui ne revient toujours pas de l'Espagne...
Puis, brusquement, dans cette moiteur qui pourrait nous endormir une fois qu'on a absorbé trois ou quatre bières, le scénario s'emballe. La forêt tout au bord de la maison devient angoissante, plus que jamais... Le paysage est là, important pour accompagner la métamorphose des personnages : Franck qui va passer de chien à loup, par la force des choses, pour chercher la vérité, mais surtout pour survivre dans cette folie qu'il découvre autour de lui pas à pas...
Que puis-je vous dire encore ? J'ai adoré ce livre, son humanité, sa poésie féroce et sensible, son émotion à fleur de page. J'adore cet auteur, j'adore le Corre, ces livres, j'en redemande, je prends le Corre tout entier !
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