"Je trouve aujourd'hui que le principe des "dernières volontés" n'a strictement aucun sens. Elles ont le temps de périmer vingt fois avant l'échéance. Il faut laisser les enfants se débrouiller ! Les choix qu'ils auront à faire participeront de leur travail de deuil." Catherine Clément
"Les morts nous habitent tous. Nous sommes ce dont nous nous souvenons. Ces morts sont notre mémoire" Philippe Labro
"La vertu de la mort c'est l'interruption qu'elle provoque, la stupeur dans laquelle elle nous met et la ressaisie nécessaire à laquelle elle nous condamne. La mort nous oblige à voir qui nous sommes...." Christian Bobin
"La seule réponse à l'angoisse de mort, quand elle surgit, c'est la communion dans la vie, dans l'amour, dans l'amitié, dans la participation. Je ne dis pas que cette communion détruit l'angoisse de mort mais elle la refoule". Edgar Morin
"Il ne s'agit en aucune façon de "faire son deuil" - expression qui m'agace au plus haut point, je l'ai dit. On ne fait pas un travail de deuil, il se fait tout seul. Ce travail ne se fait pas toralement à notre insu mais en tous les cas, sans notre partie consciente. " Catherine Clément
"Je suis le fils d'un lilas ou d'un cerisier en fleur. Et comme les Japonais le savent et l'écrivent dans leurs poèmes, les cerisiers en fleur qui meurent ne meurent jamais. " Christian Bobin
"Ce que j'entends par la puissance de résurrection de l'écriture, c'est le sursaut de joie qu'elle me donne." Christian Bobin
"Les rituels n'ont rien à voir avec la foi.
Il s'agit d'un calcul sur l'inconscient, c'est différent. Il ne vous est pas demandé de croire !
La ritualité est une nécessité anthropologique.
Sont bons les rites qui aident le travail du deuil....." Catherine Clément
Vous parlez de ¨murmure¨et c'est exactement le mot que j'aurais employé. Moi qui ne bouge jamais, je vais chez les Russes, je vais chez les Allemands, chez les Anglais en ouvrant les livres. J'ai parlé de Mandelstam, mort en Sibérie, mais je voudrais vous parler aussi d'Han shan, un poète des premiers siècles grâce à qui j'ai voyagé en Chine. Il construit un poème à partir de sensations (sa pauvreté, la faim, le froid, sa robe de mendiant déchirée) et puis tout d'un coup il fait entendre le bruit d'une épingle à cheveux en or, son seul bien, qui tombe sur un carrelage. Plusieurs siècles plus tard, j'entends à mon tour le bruit de la chute de cette épingle en or. Le poème est tellement limpide, les phrases en sont si simples qu'elles ont réussi à traverser la frontière de plusieurs siècles et à me parvenir intactes. J'entends chez moi tomber cette épingle à cheveux. C'est la grande vertu de l'écriture. Les temps y sont mélangés. (Christian Bobin)
L'attirance pour la mort est une chose constante chez moi. Elle fait partie de moi. S'approcher le plus possible de la frontière, ce fut une démarche répétée. Il y a là une véritable fascination que je ne peux pas dissimuler, en effet. Ce n'est pas un hasard si j'ai eu une anorexie si forte. Je crois pourtant que l'époque des ¨grandes tentations¨est révolue - si vous me permettez de dire les choses ainsi. Non pas qu'il ne m'arrive pas d'y songer. J'y songe mais pas plus ou pas moins que tout un chacun. Lorsque la vie est insupportable, lorsque nous n'en pouvons plus, bien sûr que nous voulons en finir. Ce n'est pas pour cela que nous allons le faire. Il s'agit d'une pensée libératrice, cathartique. Je reste convaincue que ce n'est pas moi qui me donnerai la mort. En revanche, cette idée de mourir un jour, pas tout de suite, mais un jour, me réjouit. Je suis certaine que cela sera passionnant. Si j'ai une conviction, la voilà: mourir doit être une expérience exceptionnelle. Pour autant, je ne vais pas hâter les événements, puisque cette vie-ci est somme toute aussi intéressante. Et puis, de toutes les manières, la mort arrivera bien assez vite.