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Critique de Seraphita


Au coeur de la taïga russe, trois corps sont retrouvés pendus, leur chair gravée d'une inscription mystérieuse. Bien malgré lui, Yoran Rosko, photographe indépendant, va se retrouver plongé au coeur de l'enquête. Et celle-ci débute quand il décide de revenir à Brest pour rendre hommage à un ami disparu. Car il va y croiser un visage de son passé et avec lui vont ressurgir d'anciennes histoires et des secrets qu'il aimerait percer. Un long voyage débute, tandis que, dans l'ombre, oeuvre un assassin qui sème derrière lui des cadavres. de Berlin à Helsinki, son périple va conduire Yoran vers les neiges noires de Sibérie où l'attendent des pans de son passé et avec lui la désolation d'un redoutable enfer.

Après son premier roman « Armorican psycho », Gwénaël le Guellec revient avec « Exil pour l'enfer », deuxième opus qui s'attache à Yoran Rosko, photographe indépendant et solitaire, atteint d'une maladie oculaire qui rend sa vision du monde monochromatique. J'ai pu découvrir ce roman grâce à une opération Masse Critique.

« Armorican psycho », récompensé par le Grand Prix du suspense psychologique, avait permis à son auteur d'asseoir son personnage central - Yoran Rosko, en développant sa personnalité et son existence singulières, inféodées à sa maladie oculaire. « Exil pour l'enfer » s'inscrit dans la lignée du premier opus, l'auteur poursuivant le fil des intrigues développées auparavant. Pour autant, ce deuxième opus peut se lire indépendamment du premier.

Dans « Exil pour l'enfer », on retrouve bon nombre des caractéristiques si envoûtantes de « Armorican psycho » : une construction bien pensée, une intrigue rythmée et sans temps morts, une écriture fluide avec, çà et là, des descriptions saisissantes d'univers hostiles et menaçants. L'enfer que Yoran va vivre, et qui va aller crescendo, est à l'image de sa vision monochromatique : du blanc certes, mais beaucoup de noir, parfois caché, souvent sur le point d'éclore. Et l'auteur file la métaphore monochrome jusque dans les titres de ses parties ou de ses chapitres. L'enfer sibérien prendra d'ailleurs la couleur particulière d'une neige noire, reflet d'une humanité dépravée et cupide.

Dans son intrigue, l'auteur met en écho, outre la dialectique blanc/noir (sans pour autant verser dans un manichéisme outrancier), une enquête qui met à jour une machination d'envergure avec la quête personnelle de son enquêteur. Car la quête des origines peut conduire à voyager loin, dans des contrées hostiles où vont se révéler des vérités glaçantes, entre désastre écologique et exploitation de la détresse humaine.

Comme dans le premier opus, des paroles de musique égrènent un refrain, çà et là, accompagnent les protagonistes – et le lecteur – dans un voyage sans retour. L'intrigue est d'emblée captivante, servie par une écriture précise et fluide et l'on est happé dans le tourbillon des aventures dans lequel Yoran est précipité. Pour autant, la multiplicité des lieux, la complexité des intrigues – au départ juxtaposées – donnent un sentiment de délitement, la cohérence et l'homogénéité de l'ensemble peinant à apparaître.

Pour autant, c'est un moment de lecture dépaysant, glaçant et captivant que l'on vit au fil des 600 pages, aux côtés d'un Yoran atypique et attachant. Alors quand l'auteur, à la fin de ses remerciements nous promet le retour de son personnage « Distreiñ a raio Yoran Rosko… », on a hâte de le retrouver. Emichañs e vo gwelet dizale !

Je tiens à remercier Babelio et les éditions Les nouveaux auteurs pour cette plongée au coeur des ténèbres.
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