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Critique de tamara29


Je tiens à remercier Babelio et les Editions Dialogues pour ce magnifique ouvrage « L'escalier des brumes » de Philippe le Guillou, avec les illustrations tout aussi belles de Philippe Kerarvran. Et je remercie bien sûr la librairie Dialogues à Brest sans qui tout ça ne serait pas…
Cette critique ne sera pas tout à fait objective (mais peut-on l'être vraiment lorsqu'on parle des émotions que procurent des oeuvres ?). Ayant déjà lu et plus qu'apprécié plusieurs romans de le Guillou (« le bateau brume », « Fleur de tempête », « Les 7 noms du peintre »- prix Médicis en 1997, etc.) j'éprouve une certaine admiration pour l'écriture de cet auteur et pour sa culture (artistique, historique, etc.) indéniable.
Cette critique ne sera pas d'autant plus objective car je suis originaire de la région de l'auteur, le Finistère, cette région froide et pluvieuse ( :) ), truffée de légendes, de fées, de lutins, de tempêtes et de beauté sauvage. Je suis de cette région dans laquelle je ne peux m'empêcher de retourner au moins une fois par an pour aller voir ma famille, aller marcher les pieds nus sur le sable fin, pas loin du phare, écouter le bruit des vagues et regarder la mer pendant des heures. C'est là-bas que je me ressource.
Cette oeuvre parle de cet amour pour cette région et particulièrement pour Brest. Par un format en petit carnet au papier épais tel ceux des papiers à dessins pour artistes peintres, le Guillou raconte dans de petits textes ses souvenirs, sa première rencontre avec la ville en tant que professeur de lettres (lui qui est originaire du Faou), les personnes chères à son coeur. Il parle d'un lieu, de rues, d'un artiste ou encore de sa meilleure amie Hélène disparue (celle qu'il nous a fait connaître avec tant d'émotions dans « Fleurs de tempête »). Parfois, pour certains textes, nous découvrons le dessin (à l'aquarelle ?) de Philippe Kerarvran qui renforce la beauté du texte. Brest n'est pas reconnue pour sa beauté, mais elle porte fièrement l'âme et le coeur de ses habitants.
A chaque page, j'étais moi-même replongée dans mes propres souvenirs. J'ai souri de nostalgie à ces lieux qui parlaient de mon enfance, de ces endroits que j'aimais moi aussi et que je ne pouvais raconter aussi bien. La rue de Siam, la librairie Dialogues bien sûr, les bars comme « Les quatre vents », la rade, les marins, et puis tous ces villages aux alentours, tous ces petits chemins qui nous amènent toujours à la mer, à la liberté, à de grandes émotions proches du bonheur.
Comme d'habitude, Philippe le Guillou à cette capacité de m'emporter par ses phrases très littéraires, presque précieuses. J'aime sa rigueur pour le choix des mots. J'aime qu'il me détaille des endroits avec toute sa culture, qu'il me fasse découvrir des auteurs, des artistes, qu'il fasse référence à ces oeuvres qu'il admire, qu'il fasse passer tant d'émotions et d'amour pour eux dans ses textes.
Il y a toujours une ambiance particulière dans les oeuvres de cet auteur. J'ai l'impression d'être dans la bibliothèque d'une vieille maison du XIXème, installée confortablement dans un fauteuil voltaire, entourée de centaines et de centaines de livres classiques, ces oeuvres indispensables, aussi vitales que l'air. Et moi, je serais là à écouter, charmée, un grand oncle érudit (je le vois bien avec une grande barbe blanche) me parler pendant des heures, de sa voix à la fois grave et douce, tantôt avec gravité ou gaité, de ses rencontres, de ses voyages, de ses lectures, de ses amours.
Avec le Guillou, j'ai l'impression d'être plongée dans un lieu où on ne parle que de la beauté des choses. Si je ne me sens pas toujours proche de lui (de par sa croyance religieuse ou encore par ses préférences politiques), pourtant, son amour pour la littérature mais aussi pour la nature et la peinture est largement suffisant pour me faire apprécier cet homme, son élégance (moi qui suis loin de l'être toujours) et en être impressionnée.
Cette fois encore il m'a rendue curieuse : je suis allée regarder les oeuvres de l'artiste Pierre Péron, la bio d'Alain Robbe-Grillet ou de Pierre Mac Orlan, redécouvrir La Vierge de Penmarc'h de Lévy-Dhurmer et bien entendu rechercher plus d'informations sur le film Remorques (de J. Grémillon en 1941 avec notamment Jacques Prévert comme scénariste) dans lequel ont joué Jean Gabin et Michèle Morgan. Gabin descendra ce fameux « escalier des brumes » du cours Dajot.
Si vous passez un jour par hasard par Brest, juste après une courte ondée, et que le soleil donne une couleur si particulière au ciel et à la mer, avec tous ces petits cristaux sur les vagues, après avoir pris un café dans un bar en souriant aux cris des mouettes ou à l'accent des bretons, allez découvrir la librairie Dialogues, allez vous y enchanter, vous y émerveiller et avoir plein d'autres sourires, pourquoi pas en emportant avec vous un roman de Philippe le Guillou.
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