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Critique de Tandarica


J'adore Linda Lê, parce que, comme je l'ai déjà écrit, sa lecture m'impose de constantes recherches dans les dictionnaires, tant son vocabulaire est riche. Tout est donc dans le style: un vocabulaire très varié qui passe par de nombreux registres de langue et qui est soumis à l'épreuve des sens exhaustifs. C'est un exercice de haute voltige verbale, comme en témoignent en partie seulement les citations.

Qui sont les personnages de ce récit haletant et incandescent? Il y a les trois parques vietnamiennes: la miss «Belles Gambettes», soeur cadette de la propriétaire enceinte de la «maison flambant neuve» et la cousine, la Manchote qui est également la narratrice. Il y a ensuite le père des deux premières, ce vieux roi Lear abandonné depuis plus de vingt ans «dans la petite maison bleue» au Vietnam. S'agissant des hommes, il y Théo le compagnon de miss «Belles Gambettes» et le «maître des lieux de la maison flambant neuve, le mari, expatrié zurichois», dit aussi «le méditatif». le roi Lear a un fidèle ami appelé «le couineur» (sic !) qui est vraisemblablement un religieux accro aux «anguilles cuites au naturel». Il y a aussi la grand-mère morte, Lady Chacal, riche vietnamienne ayant fui les communistes en France après avoir «enlevé» les deux filles du roi Lear. Les trois cousines sont réunies un dimanche après-midi dans la «maison flambant neuve» à préparer le voyage en France du vieux roi Lear. Viendra-t-il ou pas? Je ne peux vous répondre sous peine de trop dévoiler.

L'emprise (cette domination intellectuelle ou morale d'un être sur un autre) est le thème récurrent de Linda Lê, qu'elle traite là encore avec brio. Elle l'analyse ici au sein du couple (Théo et miss «Belles Gambettes», sa soeur aînée et son méditatif de mari ), par la religion ou la présence fantomatique de la grand-mère (Lady Chacal).

Avant de vous laisser entamer peut-être cette lecture, je reproduis un mystérieux avertissement en fin d'ouvrage. J'ai le sentiment que l'auteur le rendrait elle-même public à plus d'un égard :
«Écrit dans le plus grand isolement, terminé le 1er avril 1997, remis, puis retiré à la sainte Catherine de Sienne, avant la décision, prise à la saint Salomon (une fois écartée la tentation d'une publication sous pseudonyme), de le laisser voir le jour, ce livre avait trouvé, dans les semaines suivant son achèvement, un épilogue quelque peu dramatique–trois mois de stupeur et de confusion–que je n'aurais pu affronter sans l'aide de quelques amis et d'un médecin. Merci donc au trio de la rue Oudinot, du quai de Grenelle et de la rue de Val-de-Grâce. À Christian Bourgois pour sa patience. À Jean-Claude Demant pour ses conseils. À Olivier Rolin, qui répondit, un dimanche, à un appel de détresse. Et à l'absent, dont le murmure sut dominer cette “voix épouvantable qu'on appelle ordinairement le silence”.»
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