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Critique de Biancabiblio


Claire Mataguez, fille de vigneron, est épousée pour sa dot par Max Lesarnoy, un homme déséquilibré et violent qui a plusieurs fois fait faillite. Lorsqu'il meurt accidentellement, écrasé par un tonneau, alors qu'il est ivre, la jeune femme doit cohabiter avec sa belle-soeur Jeanne, inconsolable de la mort de son frère.

Veuve, Jeanne vouait un amour sans limite à Max et accuse bientôt Claire d'avoir tuer ou laisser mourir son époux. Lasse des querelles et de l'ignominie dont faire preuve Jeanne, Claire décide de partir vivre à Paris et se fait embaucher dans un journal entièrement féminin, La Fronde.

Après des années de souffrance, Claire va-t-elle enfin goûter au bonheur tant mérité et attendu ? Et non, Jeanne prépare activement sa chute et va mettre tout en oeuvre pour prouver sa culpabilité et de la mener à l'échafaud…

Offert au printemps par ma maman, La frondeuse, n'aura pas attendu bien longtemps avant d'être lu, une fois n'est pas coutume. Il faut dire que sur le papier, il avait de nombreux atouts : un destin de femme, une époque que j'affectionne, des thèses féministes, le journalisme… et je dois que si l'histoire De Claire ne m'a pas particulièrement passionnée, trop simple et lisse, le contexte historique en revanche s'est révélé diablement intéressant.

Eric le Nabour connaît très bien l'époque à laquelle il a choisi de planter son roman : la toute fin du 19è siècle. le destin De Claire, qui quitte sa région natale pour tenter sa chance à Paris, ressemble à s'y méprendre à bon nombre d'héroïnes de cette époque où la capitale avait des allures d'eldorado.

Ici, il y a tout de même de petites singularités : Claire est riche mais elle est manchote, ce qui la complexe beaucoup. Devenue veuve, elle s'intéresse au féminisme et décide de rejoindre Paris afin de proposer ses talents de pigiste à Marguerite Durand, la fondatrice du quotidien La Fronde, qui paraît de 1897 à 1905.

Un journal écrit, conçu, réalisé par les femmes et qui défend le droit des femmes : une grande première dans un pays où la moitié de la population n'a pas le droit de disposer d'elle-même ! Leur place se limitant alors à la sphère familiale sous l'autorité du mari ou du père, les privant de tous droits civils ou politiques.

J'ai beaucoup aimé retrouver cette grande figure du féminisme dans cette lecture, les combats qu'elle a mené grâce à ce journal qui avait pour originalité de ne pas être seulement un journal destiné aux femmes, mais un quotidien conçu, rédigé, administré, fabriqué et distribué exclusivement par des femmes : journalistes, rédactrices, collaboratrices, typographes, imprimeurs, colporteurs, l'équipe est entièrement féminine. Marguerite Durand entend ainsi prouver que des femmes peuvent fort bien réussir dans le monde du journalisme, fortement dominé par les hommes, et qu'une entreprise de presse peut fonctionner sans recourir à leur assistance.

Autre point fort du récit : l'ancrer dans la réalité historique et politique de l'époque en abordant le divorce, alors seulement autorisé qu'en cas d'adultère, l'avortement considéré désormais comme un délit et plus comme un crime, l'affaire Dreyfus rejugée à Rennes au moment du récit, le combat des suffragettes en Angleterre et le contrôle des naissances prôné par Claire.

Autant de thématiques très intéressantes que l'auteur aborde tour à tour avec justesse et précision. Dommage pour moi que l'histoire personnelle De Claire ne soit pas plus intéressante, un peu trop plate et surtout cousue de fil blanc, notamment le dénouement, car le reste est vraiment passionnant.
Lien : https://deslivresdeslivres.w..
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