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Critique de Jultomten


Pas sûr qu'un recueil de poésie dans lequel l'autrice cherche à saisir les manières d'écrire la guerre soit le premier livre qu'on pense à emporter dans ses valises quand on part en vacances. Pourtant, c'est bien dans cette optique que j'ai acheté Warglyphes de Perrine le Querrec et c'est sous le soleil de Beauziac que j'ai lu ses poèmes.

"Cette guerre comment l'écrire ?
Combien de temps va-t-elle sillonner ma chair retourner mes sens creuser mes peurs avant de s'emparer de la feuille ?"

Comme de nombreuses personnes, Perrine le Querrec est démunie face à la guerre. Qu'importent les périodes, les lieux, les raisons, toutes les guerres se ressemblent : partout la même désolation, partout l'incompréhension, la mort et son injustice sont universelles. Pourtant, l'autrice a trouvé une arme pour dépasser la sidération : le langage. Et elle l'utilise pour inventorier les mécanismes de la guerre, pour en consigner chaque élément, où la violence se glisse jusque dans l'anodin.

"Sur une pierre creuse
du sang s'épaissit
Ça luit au soleil"

S'intéresser au(x) langage(s) de la guerre pour mieux la comprendre n'est pas anodin : la langue est un des outils qui lui permettent d'exister. Les rapports assomants, les noms et formules scientifiques incompréhensibles, les discours, l'émotion de celles et ceux qui vivent la guerre en y mourant, les mots utilisés pour déshumaniser l'autre... Tout n'est que langage et pourtant, la guerre s'impose à nous, qui ne la vivons que dans la lumière réconfortante de nos écrans, en images. Perrine le Querrec, grâce à la poésie, cherche donc un nouvel angle pour dire la guerre.

"Une femme est un homme est un enfant est un animal est un guerrier est un soldat est une proie est un meurtrier est un mort est une victime est un enfant est une femme"

S'il me semble comprendre la démarche, si j'ai été impressionné par de nombreux poèmes du recueil, il m'a semblé cependant lire l'ensemble avec un certain détachement. Décortiquer les mots de la guerre m'ont donné l'impression d'une mise à distance supplémentaire. On change de grille de lecture, mais la grille est toujours là. Et que faire une fois la dernière page tournée, si ce n'est de reprendre nos vies là où on les a laissées le temps d'une lecture ?

"Il prend son arme il la pose
Il l'épaule il la pose
Il vise il la pose
Il rampe son corps il se fige
Il court il se fige
Il charge il se fige
Il crève il se fige"
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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