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Critique de Marie987654321


Henri III est resté à ce jour un roi à l'image dégradée. Si quelque fois on se rappelle de ce fils de la grande Catherine de Médicis, quelque part entre François 1er et et Henri IV, tellement plus prestigieux, c'est pour évoquer ses "Mignons", ces courtisans supposés être ses amants. Il est aussi un roi détesté par son peuple, contre lequel Paris s'est soulevé et qu'il devra assiégé ; enfin le premier roi oint par Dieu à être assassiné.
N'a t'il vraiment laissé que cela à l'histoire de France ; n'était-il que ce roi faible et soumis à sa mère et à son entourage ? Forcément, non car il est rare de ressembler totalement à sa caricature.

Nicolas le Roux en donne une image évidemment plus complexe. Et évacuons le sujet, il ne se préoccupe pas ici de sa relation avec Epernon ou Joyeuse.

Henri III fut avant tout préoccupé de rétablir la concorde dans le Royaume entre les catholiques et les protestants, après le drame de la Saint Barthélemy. Il apparait comme un roi tolérant et libéral, qui joue une partition difficile entre la Ligue catholique et les protestants menés par le roi de Navarre. La propagande catholique est largement responsable de l'image d'hypocrite, de faible et de corrompu qui lui restera.

Henri III est prisonnier de la surenchère des extrémistes catholiques pour lesquels aucune discussion n'est possible avec les huguenots, ce qui le poussera à faire assassiner les leaders du parti catholique, les Guise. Cet assassinat provoquera le soulèvement de Paris et de quelques villes acquises aux Guise. Cet événement viendra conforter l'idéologie qui permet de rendre licite l'assassinat du roi en s'appuyant sur Thomas d'Aquin et sa théorie du tyrannicide. En effet, Henri III fait la preuve qu'il est un tyran, un roi illégitime puisque favorable aux protestants et assassin de bons catholiques.

Mais Henri III n'a pas d'enfants et l'héritier légitime est un Bourbon huguenot avec lequel Henri III s'associe pour reprendre Paris et, contrairement aux espoirs des ligueurs qui ne devaient pas imaginer possible qu'un protestant devienne roi de France, la force de cette légitimité est malgré tout encore suffisamment grande pour qu'il soit reconnu légitime par une majorité et devienne Henri IV, amorçant la marche vers l'absolutisme.

L'ouvrage est classique dans la forme mais fort intéressant car l'auteur décrypte un moment de violence extrême de notre histoire et, sous nos yeux, la marche inéluctable (?) des événements se dévoile. L'idéologie du tyrannicide qui se diffuse complète la lecture de l'histoire absolutiste qui va suivre.

N'oublions pas la difficulté des fauteurs de paix à agir dans un monde où la rhétorique des extrémistes et fauteurs de guerre de tout poil a largement pignon sur rue, tellement plus facile à entendre.
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