AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072765421
592 pages
Gallimard (18/01/2018)
3.8/5   10 notes
Résumé :
C’est un des rois les moins aimés de l’Ancien Régime, et l’un des plus méconnus, qui meurt sous le poignard du moine Jacques Clément. Avec lui, au milieu des guerres de Religion qui n’en finissent pas, s’éteint la dynastie des Valois : un chapitre se referme, une autre histoire de la monarchie commence, inaugurée par l’accession au trône d’Henri de Bourbon. Avec ce successeur, la figure du prince tend à se détacher de la communauté des humains et acquiert, par l’inv... >Voir plus
Que lire après Un régicide au nom de Dieu : L'assassinat d'Henri III (1er août 1589) Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cet ouvrage, écrit par l'éminent historien Nicolas le Roux, fait parti d'une ancienne collection des années 60 intitulée « les trente journées qui ont fait la France » créée par les éditions Gallimard, et qui se proposait de livrer une analyse nouvelle et inédite d'une date majeure ou particulière qui eut un retentissement ou des conséquences notables pour l'histoire de France.
Collection malheureusement quelque peu tombé dans l'oubli, mais qui récemment grâce à une reprise en 2005 sous le nom « les journées qui ont fait la France » et à plusieurs rééditions, notamment chez Folio, retrouve un certain écho.
Dans l'ouvrage présent, et comme son titre l'indique, l'historien se penche sur le régicide de Henri III. Évènement absolument inédit dans l'histoire de France car de mémoire d'homme et depuis les mérovingiens aucun roi de France n'avait jamais été assassiné. C'est donc à ce titre, mais aussi de par ses conséquences — l'avant/après —, une journée effectivement marquante de l'histoire de France.
Nicolas le Roux va présenter dans cette ouvrage les tenants et les aboutissants exactes qui conduiront à ce tragique évènement.

Dans une première partie il va commencer par nous dresser le portrait d'Henri III, un portrait à la fois juste et touchant mais surtout nécessaire. Car comme le Roux l'écrit « Henri III fut le plus mystérieux de tous les monarques de l'ancien régime ». Il était un roi ambiguë, contradictoire, soucieux, différent. Un roi qui avait la volonté de conjuguer douceur et obéissance, qui voulait réunir ses sujets à tout prix, inquiet de leur salut, mais qui a finit par s'attirer la colère et l'incompréhension de tous et se déconnectant peu à peu des normes de son temps ; présence des Mignons, instauration d'une étiquette, excès de mysticisme, auquel on ajoute une attitude jugée trop tolérante à l'égard des huguenots, auront raison de son image auprès de son peuple.
L'historien va ensuite expliquer comment tous ces éléments conduiront à un processus de désacralisation progressive de la personne du roi, et comment l'idéologie de résistance au « tyran » issu au départ des protestants se transfèrera peu à peu chez les catholiques zélés. Et on assistera là à une bascule inédite vers une théorisation (textes et pamphlets), et in fine, une légitimation de l'acte régicide.
Une première partie captivante et capitale, qui pose les jalons, et permet ensuite de pouvoir comprendre les parties suivantes à travers desquelles on entrera dans le détail de la poudrière des guerres civiles et de religion jusqu'à l'aboutissement du processus.

La seconde partie sera consacrée à présenter la montée de l'Union Catholique, appelée la Ligue. Une faction qui a commencé à se former dès 1584 lorsque Henri de Navarre devient l'héritier du trône, suite à la mort du dernier frère de Henri III. Navarre est prince du sang certes mais prince protestant, et son accession potentielle au trône provoquera une telle indignation que les catholiques ultra décideront de se soulever. Cette absence d'héritier sera vraiment l'un des plus grands fléau du règne et de la vie personnelle de Henri III ; elle créera une crise dynastique sans précédent dans le royaume, qui sera elle-même à l'origine d'un nouveau niveau de crise religieuse et politique interne.
Le duc de Guise, ami/ennemi de Henri et issu de la très haute noblesse, prendra la tête de cette révolte et gagnera en pouvoir au point qu'Henri sera acculé, obligé de composer ou de se plier aux exigences d'une ligue toujours plus puissante. D'autant plus que la ville de Paris se constituera également en ligue indépendante et se soulèvera aussi contre le roi.
Henri tentera de reprendre la main, difficilement, jusqu'à convoquer les états-généraux en 1588 mais qui aboutiront là aussi à une impasse et à encore plus de tension. Jusqu'à ce qu'en décembre de la même année, Henri III soit poussé à la plus terrible extrémité : faire assassiner Guise et son frère le Cardinal de Lorraine. Ces deux exécutions susciteront un choc et un émoi considérable dans le royaume, et à partir de là les choses prendront une tournure plus dramatique encore car dorénavant va se répandre, et de façon décomplexé, l'idée que le roi est un odieux tyran auquel il faut mettre un terme. Triste ironie quand on sait que le salut de ses sujets lui tenait particulièrement à coeur.

Puis on plongera dans la dernière ligne droite du terrible engrenage, l'auteur va nous faire vivre les évènement jour par jour, presque heure par heure, la dernière bataille que mènera Henri III pour rétablir son autorité dans un royaume à feu et à sang.
Mayenne, troisième frère Guise, deviendra le nouveau leader de la ligue, tandis que Henri sera contraint de faire une trêve avec Navarre et les protestants afin de s'allier et contrer ensemble la puissante Ligue qui dorénavant a pris possession de Paris. Et c'est durant cette bataille de reconquête, qui devenait de plus en plus favorable au roi, qu'un jour un jeune moine souhaitera s'entretenir avec lui. Henri, pour qui il est impensable de congédier un homme d'Église, le recevra personnellement. Il le poignardera et le roi succombera à ses blessures le lendemain matin.
Le Roux nous expliquera comment le moine est arrivé à ce passage à l'acte tout en nous précisant les nombreuses zones d'ombres qui persiste quand à d'éventuels complices ou commanditaires.
Enfin, dans la dernière partie l'historien s'attèlera à nous montrer l'après de ce régicide. Un acte qui a amené l'avènement de Henri IV mais qui n'a pas calmé les tensions, Jacques Clément sera fêté comme un héros dans une débauche de joie pour le moins sidérante à lire. la Navarrais devra apaiser et pacifier son nouveau royaume par la conquête militaire, et une longue patience, et il parviendra grâce à ses partisans mais aussi les catholiques modérés à retourner l'opinion contre les ligueurs.

On comprend grâce à cet ouvrage que l'assassinat de Henri III est l'aboutissement d'une longue histoire violente, qu'elle est le résultat de la sommes des différents troubles qui ont secoué le royaume et son règne : les guerres de religion, la ligue, la crise de la succession et la désacralisation de sa fonction. le régicide devient collectivement envisagé et théorisé pour la première fois de l'histoire à ce degré, une fois que le roi a perdu à leurs yeux sa dimension sacrée.
La loi salique finira par prévaloir sur la catholicité et fera de l'avènement de Henri IV presque vu comme un moindre mal, d'autant plus que cela sera vu comme un choix de la Providence. Henri III sera en quelques sortes le martyr de l'Etat royal reconstruit. Et c'est sur les cendres des Valois, que les Bourbons initieront dans une nouvelle ère ; celle des rois absolus.
C'est un livre qui m'a absolument fasciné. J'ai adoré de A à Z et je pense le relire très souvent, car ma passion des Valois et du XVIe siècle ne se tarit vraiment pas.
Il faut néanmoins préciser que c'est un livre très dense, érudit et très poussé dans l'analyse mais comme pour ses autres ouvrages, Nicolas le Roux a une plume fluide et très agréable lire. Même si, j'en conviens, pour la lecture de celui-ci il faut tout de même avoir quelques bases, pas extravagantes, mais connaitre au préalable les guerres de religion et des protagonistes de la scène politique, en ayant cela la lecture ne posera pas de soucis majeur.
Bref, un livre absolument excellent et passionnant pour lequel le coup de coeur est sans appel !
Commenter  J’apprécie          95
Henri III est resté à ce jour un roi à l'image dégradée. Si quelque fois on se rappelle de ce fils de la grande Catherine de Médicis, quelque part entre François 1er et et Henri IV, tellement plus prestigieux, c'est pour évoquer ses "Mignons", ces courtisans supposés être ses amants. Il est aussi un roi détesté par son peuple, contre lequel Paris s'est soulevé et qu'il devra assiégé ; enfin le premier roi oint par Dieu à être assassiné.
N'a t'il vraiment laissé que cela à l'histoire de France ; n'était-il que ce roi faible et soumis à sa mère et à son entourage ? Forcément, non car il est rare de ressembler totalement à sa caricature.

Nicolas le Roux en donne une image évidemment plus complexe. Et évacuons le sujet, il ne se préoccupe pas ici de sa relation avec Epernon ou Joyeuse.

Henri III fut avant tout préoccupé de rétablir la concorde dans le Royaume entre les catholiques et les protestants, après le drame de la Saint Barthélemy. Il apparait comme un roi tolérant et libéral, qui joue une partition difficile entre la Ligue catholique et les protestants menés par le roi de Navarre. La propagande catholique est largement responsable de l'image d'hypocrite, de faible et de corrompu qui lui restera.

Henri III est prisonnier de la surenchère des extrémistes catholiques pour lesquels aucune discussion n'est possible avec les huguenots, ce qui le poussera à faire assassiner les leaders du parti catholique, les Guise. Cet assassinat provoquera le soulèvement de Paris et de quelques villes acquises aux Guise. Cet événement viendra conforter l'idéologie qui permet de rendre licite l'assassinat du roi en s'appuyant sur Thomas d'Aquin et sa théorie du tyrannicide. En effet, Henri III fait la preuve qu'il est un tyran, un roi illégitime puisque favorable aux protestants et assassin de bons catholiques.

Mais Henri III n'a pas d'enfants et l'héritier légitime est un Bourbon huguenot avec lequel Henri III s'associe pour reprendre Paris et, contrairement aux espoirs des ligueurs qui ne devaient pas imaginer possible qu'un protestant devienne roi de France, la force de cette légitimité est malgré tout encore suffisamment grande pour qu'il soit reconnu légitime par une majorité et devienne Henri IV, amorçant la marche vers l'absolutisme.

L'ouvrage est classique dans la forme mais fort intéressant car l'auteur décrypte un moment de violence extrême de notre histoire et, sous nos yeux, la marche inéluctable (?) des événements se dévoile. L'idéologie du tyrannicide qui se diffuse complète la lecture de l'histoire absolutiste qui va suivre.

N'oublions pas la difficulté des fauteurs de paix à agir dans un monde où la rhétorique des extrémistes et fauteurs de guerre de tout poil a largement pignon sur rue, tellement plus facile à entendre.
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le rapprochement avec Henri de Navarre allait avoir des conséquences très importantes. Il confirme les Ligueurs dans leur détermination à s'opposer à un monarque dont la tyrannie s'était révélée au grand jour, et il amena le pape Sixte Quint a menacé le roi de excommunication. Mais cette alliance, hier encore impensable, permit à Henri III de reconstruire sa puissance militaire pour se porter sur Paris. Installé sur les hauteurs de Saint-Cloud, à la toute fin de juillet, le souverain réunit enfin les moyens de s'emparer de la capitale, que les Ligueurs paraissait incapable de défendre. C'est cet espoir de conquête qu'allait interrompre le geste meurtrier de Jacques Clément.
Commenter  J’apprécie          10
Au lendemain des exécutions de Blois, Henri III croyait pouvoir rétablir son autorité sans trop de peine. Mais il n'avait pas mesuré les profondes motivation religieuse de la Ligue, qui était autre chose qu'une simple faction nobiliaire. Il ne concevait sans doute pas que le peuple chrétien puisse se soulever contre le prince que Dieu lui avait donné. Investi d'une mission sacré, lui-même travaillait sans relâche au salut de ces sujets. Sa vie tout entière était engagée dans cette union mystique avec le peuple.
Commenter  J’apprécie          00
Henri III finit par se rallier à l'option de tolérance civile déjà défendue par sa mère Catherine de Médicis, au début des années 1560.Il semblait en réalité impossible de vaincre l'hérésie par la violence, puisque les consciences ne pouvaient être contraintes. (...)
Plus que la force et le courage, le dernier Valois croyait que les premières vertus royales étaient la piété et la justice. La prudence et le secret aussi. S'il ne parvenait pas à réformer son royaume, il savait qu'il subirait le châtiment divin.
Commenter  J’apprécie          00
Convaincu qu'il avait le devoir d'assurer le salut de ses sujets, auxquels il ses entait lié par un rapport d'identité mimétique quasi fusionnel, il entendait non seulement leur fournir un modèle de piété, mais encore porter le poids de leurs péchés.
Commenter  J’apprécie          00

Lire un extrait
Videos de Nicolas Le Roux (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas Le Roux
A l'occasion du 26ème "Rendez-vous de l'Histoire" à Blois, Nicolas le Roux vous présente son ouvrage "Les guerres de Religion : une histoire de l'Europe au XVIe siècle" aux éditions Passés-Composés.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2897761/les-guerres-de-religion-une-histoire-de-l-europe-au-xvie-siecle
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : histoireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (25) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}