Citations sur Prière pour les temps présents (12)
Je répète à l'envi que notre mission n'est pas de faire plaisir aux gens, mais de les aimer.
Celui qui a le plus de pouvoir ou de richesse a le plus de responsabilité et c'est toujours à lui de faire le premier pas. Je me le redis souvent comme évêque, et essaie d'en tirer les conséquences. C'est moi qui d'abord ai à me mettre à l'écoute, à essayer d'écouter mieux, quand bien même mon interlocuteur n'a pas trouvé d'autres mots pour me parler que ceux de la colère.
Cette commune humanité, qui pourrait la refuser aux personnes migrantes. Le dérangement qu'elles provoquent, au risque de casser la reconnaissance de la communion, doit cependant s'entendre et être accueilli dans sa profondeur. Refuser le dérangement, c'est refuser la relation. Refuser le dérangement, c'est refuser l'altérité de l'autre et la vie comme chemin. Refuser le dérangement, c'est se replier sur soi-même, renoncer à la fraternité et renoncer à ma propre humanité, Refuser le dérangement, c'est finalement se resigner à l'inhumain.
Si j'existe par le projet qu'on a sur moi (outre que cela m'exclut de l'aventure de la liberté et m'assimile à la dynamique de l'esclavage aucun bon sentiment ne peut contredire ce fait, aucune générosité ne peut s'autoriser à justifier l'existence d'un autre par le projet qu'on aurait sur elle), que se passe-t-il si plus personne n'a de projets sur moi ?
Le seul réalisme qui compte, c'est que nous ne pouvons pas démissionner de la dignité humaine. Si je le fais, si je cède d'un pouce au traitement inhumain de la personne humaine, quelle que soit sa situation, j'ouvre les portes à l'émergence d'une réalité de violence et de mort dont tous, à un moment ou à un autre, à commencer par moi, feront les frais.
L'autre ne t'est pas assimilable. Tu n'est pas je. C'est une loi fondamentale de la relation. Il y a de l'autre en l'autre que tu ne pourras jamais réduire au même.
Nul n'est une île. Notre humanité est relationnelle ou elle n'est pas. C'est justement parce que la liberté n'est pas articulée à la fraternité qu'elle se perd, devient l'alibi de tous les enfermement et de toutes les exclusions, et condamne ceux qui s'en réclament soit au déni de réalité en croyant qu'il est possible de vivre sous une bulle, entourée de grillages ou de murs (l'histoire tout en resservant régulièrement cet argument populiste en est un permanent démenti), soit à la dépression. Et notre société à la violence.
La vitalité d'une société ne se mesure pas au rapport utilitariste et instrumentalisé à ce qui vient d'ailleurs, dans un rapport comptable de bénéfices promis, mais se nourrit aussi de la gratuité de la rencontre et de la fécondité de la fraternité.
En revanche, construire l'avenir avec les plus démunis, et à partir d'eux, c'est assurer à tout le monde une place, et même, me semble-t-il, à chacun la plus belle, celle où je ne me vis pas comme une île isolée en peur d'agression, mais celle où je nais à et d'une fraternité profonde qui seule peut ouvrir l'avenir.
Cette année, Noël a pris pour moi une épaisseur inédite. La joie qui s'y annonce, tant dans le récit évangélique que pour nous aujourd'hui dans la manière de vivre cette fête, que nous soyons croyants ou non, la fraternité à laquelle elle introduit, prennent corps dans un drame d'exclusion, de migration et de persécution. Noel ne tombe pas à côté de la vie du monde.