L’anthropologue italien Roberto Beneduce disait en mai 2020 : “Le seul vaccin efficace, c’est de conserver la mémoire de ce qui vient de se passer.“ Or la plupart du temps, les catastrophes sont vite oubliées afin de laisser indemne la conception que l’on se fait du monde.
En recherchant prioritairement l’immunisation durable des troupeaux et l’endémicité en général plutôt que de stopper le virus au début de sa vague, l’agro-écologie ne fait pas disparaître les épidémies ni la perte d’une partie des animaux. Mais elle réduit fortement, en amont, le risque de propagation d’une maladie.
Pour désigner ce parti pris, on aurait pu utilise le terme d’“industrialisation“. Mais le mot de biosécurité présentait une plus grande respectabilité, et la biosécurité est devenue la référence indiscutable d’un ordre qui prétend ne pas être politique.
La “bulle sanitaire“ est donc un mythe.
On retrouve ici l’idéologie néo-libérale qui dissout la responsabilité collective en rejetant la faute sur le sujet.
L’industrie animale a fait disparaître [l]e lien entre homme et bête, pour laisser place à une relation extractiviste.
Selon le Global Virome Project, un groupe de scientifiques spécialisé dans la recherche de la diversité virale inconnue, la forêt primaire abriterait encore 1,7 millions de virus différents. Si l’homme continue à la détruire, nous pourrions aller de crise sanitaire en crise sanitaire. Selon une estimation récente, 15% des maladies infectieuses émergent de virus associés à la destruction des forêts. Un monde sauvage vierge d’hommes nous protège.
La biosécurité ne sécurise pas les pratiques de l’élevage, mais elle cherche à écarter les animaux de tout contact avec la faune sauvage, perçue comme la première sources microbiennes.