AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de jlvlivres


« La ville fond » de Quentin Leclerc (2017, Editions de l'Ogre, 208 p.) représente c'est le second roman de l'auteur publié aux Editions de l'Ogre.
« La ville fond », c'est vrai : « c'est sous le soleil pourtant rare du mois d'octobre que la ville s'était mise à fondre ». Donc si l'auteur le dit… Il est vrai qu'il y a aussi des pays ou le mois d'octobre marque le début des chaleurs.

« Bram marchait vers le bus », « Bram lisait son journal », « Bram ne recevait plus aucune lettre ni carte postale », « Bram s'était endormi », « Bram n'empruntait jamais les routes lors de ses promenades », « Bram était absent », « Bram débarrassa la vaisselle dans l'évier ». Une certaine sagacité me fait croire qu'il s'agit d'un livre sur l'histoire de Bram. En fait, je n'ai trouvé que 3 pages sans qu'il y soit parlé de Bram, et un chapitre complet, le cinq, où il n'en est pas non plus question. Est à chaque fois un oubli de l'auteur ? D'autant que le dit chapitre commence par « un inconnu frappa à la porte », un bon début de suspense sur ce qui aurait pu arriver à Bram.
Au fait, Bram, est-ce Abraham, ou est-ce un clin d'oeil au brâme du cerf, que j'appelle volontiers le drame du cerf, qui peine à trouver sa femelle. Est-ce le héros qui ne voit pas la paille dans l'oeil de son voisin alors que lui-même a une poutre à la place. Pauvre Bram, il a perdu sa femme. Qu'à cela ne tienne, il continue de faire ses courses à la pharmacie, mais en ramène d'autres médicaments. Ce qu'il y a de positif, c'est avec le même bus, celui dont les pneus ont crevé, et dans lequel il s'assoit « sur l'un des sièges du fond à droite, collé à la fenêtre ».
Depuis le début de la fonte de la ville, tout part à vau l'eau. le bus ne sera sans doute jamais réparé. Et « le chauffeur n'avait aucune chance de retrouver sa famille à présent ». Puis le bus brûle, réapparaît, brûle à nouveau. Puis dans quatre chapitres dont trois qui se suivent, « Bram est réveillé par un coup de téléphone ». A chaque fois « la femme de l'accueil le prévint qu'on l'attendait dans le hall ». Tout recommence, mais rien n'est pareil. Et pourtant il y a ce fameux chapitre 5 dans lequel on ne parle pas de Bram, mais de porcs. Ils ont pris la fuite après le suicide du fermier. « Leur course était celle d'une espèce en voie d'extinction ».
Quant à la fin, « c'est sous le soleil pourtant rare du mois d'octobre que la ville avait fini de fondre ». En bref, donc. C'est l'histoire de Bram, d'un chauffeur de bus, d'une ville, certes petite, mais où se trouve une pharmacie, de porcs, qui ne fréquentent pas le dit magasin, ni ne prennent le bus, d'une remorque dans laquelle Bram ira dormir, d'un endroit avec hall et une femme à l'accueil, qui reçoit et passe les coups de téléphone. Je n'ai pas trouvé trace de raton laveur. A ce propos, quoi donc de plus sympathique que de leur offrir un sucre en morceau qu'ils vont aller soigneusement laver sous l'eau. Par contre, pour vos cadeaux, même sans attendre Noël, offrir ce livre sera une excellente initiative.

Reste à régler le cas de la pharmacie, y renoncer serait priver Bram de sa sortie. Mais, le bus est en panne, à la disconvenue du chauffeur, le lendemain, un pneu crève qu'importe, Bram ira en vélo, suivi d'une caisse en bois, ou en tracteur ou même à pied.

Et pendant ce temps-là, la ville fond. Ainsi fond, fond, fond, les petites villes de campagne. On ne le dira jamais assez. « Pourtant, depuis que la ville fondait, bien des choses avaient changé. Bram n'en savait rien encore ».
Je ne sais pourquoi, mais la lecture de ce livre m'a fait penser à la superbe chanson de Jacques Brel « La ville s'endormait », peut être ce leitmotiv « à présent que la ville fondait » qui revient à chaque fin de chapitre. « La ville s'endormait / J'en oublie le nom / Sur le fleuve en amont / Un coin de ciel brûlait / La ville s'endormait / J'en oublie le nom ». D'ailleurs on ne saura jamais le nom de la ville. Ni celui du village, à côté, là où Bram avait sa maison. Elle aussi a brûlé, tout comme le bus du chauffeur. Ou la veuve, par la suite dans la forêt. « Jusqu'à ce que Bram lui confie que son bus venait d'être réduit en cendres. La veuve compatit, son propre mari ayant également été réduit en cendres ».

D'ailleurs, il y a beaucoup de choses qui brûlent pendant que la ville fond. Les policiers, eux ne brulent pas, ni ne fondent. Ils meurent de coups de fusil. de même « les policiers étaient tombés en panne, mais non d'essence ». Reste le Mont Palmier, qui lui ne brule pas et ne fond pas. C'est à cela que l'on reconnait qu'il s'agit d'un vrai mont. Peut être même que la femme de Bram « n'était-elle pas allée au mont Palmier mais en ville pour se débaucher et c'est ainsi qu'elle était morte ».

On n'en saura pas plus, ni sur la ville ou les villages. Ce que l'on sait de Quentin Leclerc, c'est qu'il est breton de Rennes et non de Suisse. C'est important à préciser au vu de son livre et de son titre « La Ville Fond » qui fait inexorablement penser à La Chaux-de Fonds, et à cette mise en garde de Francis Blanche pour les touristes hélvètes. « Ami qui visite la Suisse / Prends garde à toi si tu confonds / Pour éviter La Chaux-de-Fonds / Il faut passer par Saint-Sulpice ». Point de tourisme chez Quentin Leclerc, d'ailleurs les deux bus du chauffeur ont brûlé. Tout crâme et tout fond, et comme La Fontaine le faisait dire par le vieux laboureur à ses enfants « c'est les fonds qui manquent le plus ».
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}