Ce n'est pas simplement le "respect" de l'autre qui importe, car cette notion implique une distance qui peut vite devenir celle de l'indifférence. L'esprit éthique se montre au contraire dans l'intérêt toujours en alerte que je porte à "cet" autre, à l'écoute de la façon dont il s'y est pris avec les contraintes de sa condition, avec les capacités (et les incapacités) de son être, non par goût d'analyse, mais pour discerner ce qu'il y a en lui qui puisse solliciter mes propres virtualités, et m'approprier ce qu'il y a en moi qui puisse le solliciter, lui.
Explorer des manières de vivre, des modes de penser, solliciter les virtualités de chacun, les mettre à l'épreuve du bien commun, offrir à tous l'occasion de développer ce dont ils sont capables, voilà l'esprit éthique en acte. Montrer sa propre vulnérabilité, en cherchant ce qu'il y a toujours encore à apprendre les uns des autres; dessiner les perspectives de l'invention normative à partir des cas qui se présentent, voilà l'éthique.
Un humanisme peut en cacher un autre. Depuis que l'homme se penche sur l'essence de la nature humaine, il s'affronte à son semblable. Qu'est-ce que l'homme ? Un animal politique, rationnel, social ? C'est au choix. La question divise les esprits depuis l'aube des religions et de la philosophie.