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Critique de dunoirdupolar


Il ne suffit pas d'un nom pour appartenir au pays, il faut aussi savoir parler sa langue...

"L'homme qui a vu l'homme" est un polar de Marin Ledun. L'histoire est inspirée d'un fait réel, la disparition d'un militant d'ETA, Jon Anza, survenue au Pays Basque en 2009.

La tempête Klaus vient de balayer le Pays Basque. Les toitures sont arrachées, les arbres et les lignes électriques sont tombés, ce désastre est à la une de tous les journaux. Iban Urtiz, journaliste au quotidien Lurrama, s'imagine déjà être envoyé par sa direction sur le terrain afin de couvrir cette catastrophe. Lui, qui a pourtant déniché une affaire synonyme de scandale, celle de la Société Sargentis Atlantique Adour, qui après avoir pollué les sols, a expédié ses salariés au cimetière ! Mais sa hiérarchie lui a tout simplement interdit la moindre publication à ce sujet...

Et contrairement à ce que pense Iban, ce n'est pas à la tempête qu'il va avoir droit, mais à une toute autre affaire, celle de Jokin Sasco, un militant de l'ETA disparu...

Dépêché à la conférence de presse donnée par la famille Sasco, le journaliste va alors s'immiscer dans une histoire sordide, réveiller un passé toujours présent et vite comprendre la raison pour laquelle on l'a envoyé couvrir cet événement. Iban Urtiz est un erdaldun, un basque qui ne parle pas la langue, un étranger, et de ce fait, les portes se referment devant son nez lors de ses investigations. Ceci n'est pas sans déplaire à la direction du journal et surtout aux autorités, car cette disparition est un véritable pot pourri impliquant un grand nombre de personnes.

Mais Iban ne va pas pour autant baisser les bras, il va s'impliquer corps et âme pour enfoncer des portes dans le seul espoir de faire éclater la vérité...

En 1983, le gouvernement espagnol créa des Groupes Antiterroristes de Libération, les GAL, pour mettre fin aux actions de l'ETA. Durant quatre années ces Groupes commirent des attentats, des exécutions et des tortures contre les militants espagnols. Ces exactions furent, pour la grande majorité, conduites en France, lieu de repli des basques espagnols recherchés, l'Élysée et Matignon fermant les yeux sur ces agissements. Officiellement, c'est en 1987 que les GAL furent dissous, mais des événements, comme l'enlèvement de Jon Anza en 2009, soulèvent des interrogations sur une possible existence de telles pratiques encore aujourd'hui. C'est ce que Marin Ledun met en évidence dans ce "polar politique" bien orchestré, grâce notamment à une maîtrise du sujet.

L'auteur ne défend pas le militantisme basque. Il met en cause la possible responsabilité de l'Etat français dans une affaire d'enlèvement qui serait contraire au principe de démocratie. Il souligne aussi le silence médiatique à l'échelle nationale qui accentue l'idée d'une manipulation politique. A travers le personnage d'Iban, Marin Ledun met en lumière un certain dysfonctionnement de l'information, dénonce le " tri" de cette dernière et sa pseudo indépendance qui finissent par rendre de la non-information. C'est dans un Pays Basque hermétique, blessé et méfiant, qu'évolue le héros, un monde dans lequel il faut choisir son camp. Lorsqu'on a opté pour l'un d'eux, l'autre risque au pire, de vous tuer !
YB.
Lien : http://dunoirdupolar.blogspo..
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