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Citations sur Fernand Khnopff (8)

Cette œuvre, sans doute la plus célèbre de Khnopff, est exposée à la première Sécession viennoise en 1898, et immédiatement acquise par Wilhelm Zierer de Vienne. Elle entre dans les collections du musée de Bruxelles en 1956. Sur un fond de marbre et de paysage antique de couleur rouge, un androgyne s'incline lentement vers la caresse d'un sphinx au corps de guépard, d'une souplesse toute féminine. Les yeux de l'androgyne fixent sans voir, comme en rêve. Omniprésent dans l’œuvre de Khnopff, le thème de l'androgyne précède de très loin l'engagement du surréalisme à l'égard de ce grand mythe fondamental. Lors de l'exposition de la Sécession, la presse se fait écho de la perplexité des Viennois devant une œuvre aussi hermétique, ne permettant pas l'interprétation des symboles et elle conclut en disant que c'est sans doute cela qui attire les foules dans la salle réservée au maître belge. Khnopff interrogé sur ses intentions, répondit que le tableau du guépard est beaucoup moins mystique qu'on ne le croit. Ce n'est qu'une allégorie tout à fait courante ; l'homme se trouve devant un choix : le plaisir ou la puissance.

[à propos du tableau "Des caresses"]
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Sept femmes, sept mondes séparés. Aucune d'elles ne regarde les autres. Aucune ne semble consciente de la présence des autres. Les regards ne sont pas détournés, mais perdus dans le vague. Seuls l'aspect des femmes, leurs attributs et le décor laissent supposer qu'elles jouent un rôle dans une même scène. Leurs rapports sont comme l'interaction imaginée des horloges dans une horlogerie qui font tic-tac et sont remontées chaque jour par l'horloger - image utilisée pour expliquer la notion de monade, due au philosophe allemand Gottfried Wilhelm (1646-1716). Ces monades sont, comme le dit Leibnitz, immatérielles, "sans porte ni fenêtre". Il veut dire par là qu'elles ne sont pas conscientes de l'existence des autres, réfléchissant chacune le monde à leur manière et se distinguant entre elles par la pureté de l'image réfléchie. L'espace sensoriel n'est pas réel, il est seulement le reflet du monde des monades.

[à propos du tableau "Memories]
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"Une ville abandonnée" est sans conteste l'un des dessins les plus fascinants réalisés par Khnopff. Il nous propose une vision des plus insolites d"un coin de la place Hans Memling, à Bruges, le couvent des Sœurs noires étant représenté de manière extrêmement détaillée, portes et fenêtres murées en l’occurrence. L'étrange combinaison d'une vue quasi photographique de la ville et d'une mer mythique crée un monde onirique très particulier. L’œuvre a de toute évidence été exécutée d'après une photo ou une carte postale découpée et simplifiée, tout en la reproduisant fidèlement, presque pavé par pavé. Au centre de la place désolée se dresse un socle énigmatique en pierre blanche pourvu d'une niche mystérieuse et sombre. Quant à la statue de Hans Memling, réalisée en 1871 par Hendrick Pickery (1827-1894), elle a complètement disparu. Le socle fait penser à un mausolée blanc, "vraiment l'ombre d'un tableau - sur la Place grise", ainsi que l'a décrit dans un de ses poèmes Georges Rodenbach (1855-1898), qui avait de grandes affinités avec Khnopff. Il n'y a pas âme qui vive, et le silence est menaçant. La désolation est encore accentuée par la morosité d'un ciel gris qui évoque l'isolement et même la mort. À droite, la mer se retire à l'infini, laissant une trace bleue à l'horizon.

[à propos du dessin "Une ville abandonnée"]
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En s'intéressant à la photographie, en la pratiquant et en suivant l'évolution des techniques nouvelles, Khnopff a rejoint la génération d'artistes dont l'objectif de création n'était nullement menacé en son intégrité. Tout comme Gustave Moreau, Alphonse Mucha, Edvard Munch et Franz von Stuck il usa de la photo comme esquisse de composition et comme recueil d'images de la mémoire vécue. En revanche, il est l'un des seuls artistes à s'être réapproprié les prises de vue de ses propres œuvres pour recréer de nouveaux originaux.

Fernand Khnopff et la photographie
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Pol de Mont attribue le penchant de l'artiste pour l'isolement au fait que la famille Khnopff, libérale, aurait vécu trop à l'écart dans la Bruges très cléricale. Devant se passer de petits camarades de jeu, les frères Fernand et Georges sont laissés à eux-mêmes une grande partie de la journée, dans le jardin de la vieille maison patricienne... «et les deux garçons étaient si farouches, du moins si attachés à leur solitude, qu'ils ne passaient jamais les remparts de la vieille ville silencieuse sauf alors à la nuit tombante. La tombée de la nuit, l'heure du crépuscule, n'est nulle part aussi intime, aussi mystérieusement intime qu'à Bruges.» Le mythe de Khnopff est apparemment entretenu soigneusement, mais le critique d'art semble oublier que Fernand n'était, tout de même, qu'un très jeune enfant lorsqu'il a déménagé à Bruxelles* et que de promenades solitaires, le soir, il n'aura pas été question !

Fernand Khnopff : de Bruges à Fosset

* Fernand Khnopff avait deux ans lorsque sa famille a emménagé à Bruges, et huit ans lorsqu'elle a déménagé de Bruges à Bruxelles.
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Un symbole représente quelque chose qui n'a pas de forme tangible, mais il ne lui ressemble pas ou du moins, il n'est pas censé lui ressembler pour autant.
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En 1886 - année de la parution du manifeste du symbolisme de Moréas - Emile Verhaeren écrit à propos de la démarche de Fernand Khnopff : "Quand on est égoïste, solitaire et obstiné comme lui, l'art qu'on fait doit être logiquement un art de patience, de précision et de raisonnement."
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Fernand Khnopff est né il y a 146 ans et décédé il y a 83 ans. Dans l'aire culturelle occidentale, avec son système décimal et ses normes proportionnelles basées sur la géométrie, les rétrospectives s'organisent presque sans exception à l'occasion des 10e, 25e, 50e, 100e (ou tout multiple) anniversaires de la naissance ou de la mort d'un artiste. Au lieu de nous en tenir à ces règles et d'attendre encore quatre ans, nous avons, cette fois, mis sur pied un exposition simplement parce que nous avions envie de le faire.
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