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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel bonheur de rencontrer, surtout sous une plume masculine, exactement ce que l'on pense de cette affreuse mode Vuitton (« le look total connasse duty-free.. look vieille bourgeoise…ringardise guindée… »), et de Léa V. cette actrice dont on aime bien le travail,'mais dont, personnellement, la beauté ne vous a jamais bouleversée!
Et quelle étrange sensation que de se rappeler que, devant la même affiche publicitaire vous vous étiez posé à peu près les mêmes questions ( en moins élaborées), en tout cas aviez partagé le même profond étonnement….

Souvenir, aussi,'d'autres affiches qui vous avaient plongée elles aussi dans la perplexité : Laëtitia Casta posant nue, de dos, les fesses posées sur un énorme glaçon, pour les Galeries Lafayette…. La magnifique Jerry Hall renversée, pâmée, en train d'appliquer sur sa gorge une touche dOpium, de Saint-Laurent. Très belles photos, au demeurant, parfaitement à leur place dans un magazine ou dans un catalogue. Mais dans la rue, dans le métro : sur le quai, juste en face de vous, les fesses de la belle Laettitia flottant au-dessus d'un voyageur, dont la tête à cet instant précis dissimulait le tabouret-glaçon ?
Le génial publicitaire avait-il prévu ce genre d'effet, à la fois cocasse…. et dérangeant ?

Mais voilà que je me mets au diapason de Jérémie Lefebvre, et me mets à mon tour à vaticiner sur l'impact que certaines campagnes publicitaires peuvent avoir dans nos vies, dans nos imaginaires!
Dans ce roman, pour faire bref: une première partie constituée comme une lettre adressée à Léa V. pour lui demander quels pouvaient être ses motifs pour participer à cette campagne d'affichage pour cette (hum hum hum, moi non plus je ne veux pas de procès)…. cette marque. de la plus anecdotique à la plus personnelle, pour déboucher sur les explications politiques, voire révolutionnaires, voire planétaires, toutes les options, méthodiquement, sont envisagées - pour ainsi dire « bûcheronnées ».

Ensuite, un bref petit retour nombriliste, affligé, doloriste, puis avec la même précision paranoïaque, les déploiement et contre-déploiement des argumentaires que pourraient développer aussi bien la partie adverse (les avocats de Léa, ou de la société V. , si elles décidaient d'engager des poursuites ), que les avocats de son éditeur, s'il se décidait à publier…. Ou lui-même, pour le dissuader de publier…

Franchement, et bien sûr il faut aimer les complications intellectuelles labyrinthiques, mais cela m'a paru époustouflant. Je crois que je n'ai jamais rien lu de tel!
J'ai envie de lui appliquer ce qu'il dit/écrit de son éditeur :
« il est fatigué. Il a passé trop d'années à défendre ce genre de littérature qui prétend -sans jamais l'avouer- inventer une langue et créer de l'inconfort en cassant les codes de la narration ».

Alors moi pour ma part je vous le dis comme je le pense : Jérémie L., chapeau bas!
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Peut-être vous êtes-vous déjà arrêté devant l'une des affiches publicitaires sur lesquelles Léa Seydoux promeut les produits Louis Vuitton. En tout cas, moi oui. Jérémie Lefebvre aussi. La différence entre lui et moi, c'est que je me suis contentée de ruminer le sentiment de colère que cette image suscitait confusément en moi avant de passer mon chemin, quand lui l'a creusé, l'a trituré, a interrogé son indignation jusqu'à en faire ce petit livre d'une exquise insolence, aussi drôle que percutant.

Car enfin, à quoi peuvent bien rimer ce regard hautain, cette posture tournant résolument le dos à une oeuvre d'art ainsi ravalée au rang de papier peint et ce matraquage sur des arrêts de bus que les clients potentiels de la marque ne doivent pourtant pas beaucoup fréquenter ?

Qu'est-ce qui a bien pu passer par la tête de Léa Seydoux, se demande l'auteur, pour accepter ce contrat « d'un montant strictement confidentiel » ? La star, en outre héritière de l'une des plus grosses fortunes de France, aurait-elle connu une petite difficulté passagère ? Après tout, les imprévus financiers ne sont pas réservés aux seuls revenus modestes : des travaux importants à effectuer ou une petite tracasserie ayant trait au système fiscal français ont vite fait de vous tomber sur le coin de la figure… A moins que la signature de ce contrat n'ait fait suite à un pari perdu lors d'une soirée bien arrosée avec ses copines actrices : la première qui se vautrait devenait l'égérie d'une marque « vraiment atroce », à définir selon leurs propres critères... Ou alors, suivant un penchant personnel, Léa Seydoux avait-elle simplement eu envie de remettre au goût du jour « le look vieille bourgeoise ». Ou bien encore, contre toute attente, Léa était-elle dans le fond une virulente gauchiste ayant pour objectif de susciter chez ses concitoyens un sentiment de dégoût si vif que le spectacle humiliant d'un mépris de classe exhibé au nez du peuple allait exciter sa colère au point que celui-ci allait enfin se soulever pour renverser le système qui l'opprimait…

Avec une fausse ingénuité et surtout une bonne dose d'ironie, Jérémie Lefebvre imagine ainsi une litanie de motifs qui auraient pu conduire l'actrice à incarner la célèbre marque, afin de souligner l'obscénité de cette campagne publicitaire, mais plus encore l'arrogance d'une classe animée par une insatiable et dévastatrice soif de profit.

Si le procédé et le propos ne sont pas neufs, ce pamphlet présenté sous la forme d'une lettre adressée à l'intéressée est un bijou de causticité, d'autant plus opérant que l'auteur interroge dans un deuxième temps la validité de son propre texte à travers le dialogue engagé avec son éditeur. Si j'ai beaucoup ri à la lecture de ce bref opus, j'en ai surtout apprécié la pertinence. J'imagine que certains trouveront le propos outrancier, mais une chose est sûre, il décrypte parfaitement les images dont nous sommes matraqués. Pour moi, c'est tout simplement une oeuvre de salut public.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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