Il comprit que la mer l'avait invité à venir faire ce qu'il n'avait pu faire ni accepter vraiment au cimetière. Sa mission n'était pas de renoncer, mais de se battre.
Nicolas comprit que la mer lui avait chuchoté de venir faire ses adieux à ses parents. C'etait le seul endroit et la seule vraie manière. Après, seulement, il pourrait faire son deuil.
Aimer, c'est aussi la crainte de perdre l'objet de son amour, ça fait partie de la vie.
…. Parce que le bonhomme de Noël veut que nous apprenions, à travers la joie de recevoir, à quel point il est important de donner. Quand on donne aux autres, on reçoit bien plus que ce qu’on a donné.
Tu ne peux pas passer le reste de tes jours à esquiver tes sentiments par peur de perdre quelqu'un. Car si tu n'oses pas aimer ou si tu ne laisses pas les autres t'aimer, tu ne vis pas.
Nous n'avons aucune raison, ni même le droit de demander pourquoi. Nous pouvons seulement nous arrêter et pleurer un moment, avant de tourner notre regard vers l'avenir. Le temps peut penser une blessure, même profonde. Il laisse bien sûr une cicatrice, mais un jour, regarder cette cicatrice ou ne serait-ce que l'effleurer, ne nous fait plus mal.
Aimer, c'est aussi la crainte de perdre l'objet de son amour, murmura-t-il. Ça fait partie de la vie.
Il est inutile de s'interroger sur les choses que la raison ne peut expliquer, ça ne les rendra pas plus compréhensibles.
P. 310
Ainsi commença la nouvelle vie de Nicolas. Il passa cette veille de Noël chez Hannes et Kristiina, retiré dans le sauna.
Ils l'avaient incité à rester avec eux à la cuisine, mais il avait refusé. Les enfants étaient encore plus petits que lui : Eemeli avait trois ans, et Helena seulement deux. Du reste, Nicolas n'avait pas souhaité gâcher leur Noël avec son chagrin.
Il était seul, assis sur sa couche de paille installée dans un coin du sauna éclairé par une lampe à pétrole. Il regardait son ballot ouvert par terre : celui-ci contenait ses vêtements de rechange, le couteau et la montre de gousset de son père, tous les biens matériels qui lui restaient de sa vie passée.
Il entendit soudain une chanson en provenance de la cuisine. Kristiina chantait de sa belle voix claire, accompagnée au violon par Hannes. Eemeli et Helena ne connaissaient apparemment pas les paroles interprétées par leur mère, car ils la suivaient en fredonnant des "la la la" de leurs voix cristallines.
...
- C'est désormais ma maison, murmura-t-il. Je dois m'y résigner. J'ai intérêt à me faire le plus discret possible, afin de ne pas déranger qui que ce soit. Et à ne m'attacher à personne. Je ne supporterais pas une nouvelle perte.
Puis il ferma les yeux et se balança au rythme de la chanson de l'autre côté du mur.
"Les gens modifiaient leurs histoires à qui mieux mieux, elles prenaient toujours de nouvelles tournures au gré du bouche à oreille. Et c'est ainsi que l'on apprit bientôt ce qu'un enfant avait vu de ses propres yeux durant la nuit de Noël : les rennes n'étaient pas comme les autres... Ils savaient voler."
"Aimer, c'est aussi la crainte de perdre l'objet de son amour. Ça fait partie de la vie."P.283