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Critique de saigneurdeguerre


Les Pelletier ! Vous ne connaissez pas les Pelletier ? M'enfin ! Les savons Pelletier ! Ah ! Je vois que vous y êtes enfin !

Il y a le père, Louis. Un sacré bonhomme ! Vous avez vu comment il a fait prospérer l'entreprise familiale ? Il a le sens des affaires et de l'innovation… Mais attention ! Généreux avec ça ! Toujours le premier à ouvrir son portefeuille pour l'école de ses enfants.

Il a voulu céder les rênes de l'entreprise à son fils aîné, Jean. Oh ! La ! La ! Quel grand dadais celui-là ! Ce n'est pas pour rien qu'on l'appelle « Bouboule ». Il rate tout ce qu'il entreprend, lui. Vous avez vu avec qui il s'est marié ? Geneviève ! Cette abomination ! La Ginette ! Oui, celle qui suçait tout ce qui passait. Elle n'est même pas belle ! le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle devait espérer mettre la main sur la fortune des Pelletier en épousant l'aîné. Il paraît que Monsieur Jean a tellement mal géré l'entreprise qu'il a fini par partir s'installer à Paris. Il y travaillerait comme représentant en lingerie. Non, mais quelle déchéance, n'est-ce pas ?

Eh, puis, le François ! Ah, celui-là, rien à voir avec son grand frère ! Lui, c'est l'élève brillant. Il est parti à Paris pour faire l'Ecole d'Administration… Un truc comme ça ! Vous savez bien, le genre d'endroit d'où sortent les grands commis d'état. Ah, ça, il a de l'ambition, le François ! … Remarquez… On raconte qu'il aurait menti à ses parents… Monsieur François jouerait au journaliste… Oh, rien de bien grandiose ! Il ferait les « chiens écrasés » …

Et le petit Etienne. Ah, celui-là… Un solitaire… Gentil, mais… Bon, on ne l'a jamais vu sortir avec une fille, si vous voyez ce que je veux dire… Il a un « cousin » … Un Belge… Un légionnaire… Il est très proche de son « cousin », si vous voyez ce que je veux dire… le « cousin » a été envoyé en Indochine… Monsieur Etienne entretient une grande correspondance avec ce « cousin » … Enfin ! Il entretenait… Il paraît qu'il ne reçoit plus de nouvelles. On raconte que l'Etienne se serait embarqué pour Saïgon pour le retrouver…

Et sa soeur… Hélène… Jolie, mais jolie ! Enfin… Trop jolie pour être honnête si vous voulez mon avis… Elle ferait des ateliers photographiques avec son professeur de mathématiques… Un nouveau-venu à Beyrouth. C'est bizarre, comme c'est étrange de constater que ce sont surtout de jolies jeunes filles qui suivent ses ateliers… Moi, je dis ça et je ne dis rien, mais vous savez, c'est ce qu'on raconte… Loin de moi l'idée de propager des ragots, mais si vous voulez mon avis, il n'y a pas de fumée sans feu !

Critique :

Ah, Pierre Lemaitre, comme je vous aime ! … En tout bien tout honneur !

J'admire votre style qui vous rend proche d'un Zola, mais un Zola du XXIe siècle, bien dans son époque. Un écrivain qui a le sens de la narration, du drame, de la passion… Et de l'humour ! Vous, qui, à travers des personnages qui nous semblent tellement proches, nous narrez la France de l'après-guerre… Une France qui s'étendait jusqu'à la lointaine Indochine. Vous nous rappelez que le rationnement des Français ne s'est pas arrêté à la libération de Paris, ni même le 8 mai 1945, date de la fin de la guerre en Occident. Et la difficulté de se loger à Paris ? Cela ne date pas d'aujourd'hui ! Et puis, il y a ces mineurs, héros de la nation un jour et tabassés par les forces de l'ordre lorsqu'ils font grève pour contester leur grosse perte de revenus et ces lois absurdes qui les noient dans la misère. Vous nous plongez dans les trafics en Indochine tellement profitables à certains petits malins, et au Viêt-Cong, mais aussi à certaines grosses huiles françaises, le cul confortablement posé dans leurs fauteuils hexagonaux. Et ce n'est pas tout ! Vous nous immergez dans les assassinats horribles de ces jeunes femmes au crâne fracassé. Vous nous livrez le coupable directement, mais la question n'est pas de découvrir ce dernier, mais de savoir si la police et le petit juge vont arriver à lui mettre le grappin…

Il semblerait que ce ne soit là que le début d'une trilogie, alors, sans vouloir être méchant, je vous invite à travailler au moins quatorze heures par jour, seize seraient mieux, mais je ne voudrais pas que vous me traitiez d'esclavagiste… Et sept jours sur sept ! Je sais ! Dieu s'est reposé le septième jour, mais vous n'êtes pas Dieu, alors pour vous, pas de repos avant la publication du troisième volume de ce triptyque ! D'ailleurs, j'ai mené un sondage auprès de votre lecteur le plus assidu, moi, et le résultat est sans ambages : faut vous grouiller, mon vieux ! Votre public, dans son impatience, pourrait assiéger votre maison d'édition, et à partir de là, à quels débordements risquerions-nous d'assister, je vous le demande ! Être le plus grand auteur français vivant, cela se mérite ! N'est pas Hugo qui veut. Si pour travailler plus vite et mieux vous devez envisager l'exil, n'hésitez pas ! Bruxelles vous attend ! Je suis même disposé à vous payer un restaurant et à vous faire connaître les bières belges… Après vos quatorze heures de labeur quotidien, bien entendu !

Monsieur Lemaitre, je suis sûr que vous me comprenez et ne m'en voudrez pas de vous bousculer quelque peu ! C'est pour votre bien ! Si ! Si ! Si !
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