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Critique de JML38


Après un « Docteur Voltaire et Mister Hyde » en très nette demi-teinte, j'ai eu le plaisir de retrouver dans cet opus toute la verve de l'auteur. L'exil en Lorraine du philosophe ayant pris fin, il revient à Paris pensant être accueilli par une foule en délire scandant son nom. Il doit vite déchanter et reconnaître qu'il a été injustement oublié. En 1735, les Parisiens se passionnent plus pour ce qui se passe en place de Grève, où les billets s'arrachent pour les emplacements avec bonne vue lors des exécutions publiques, le prologue nous relatant avec un humour particulièrement cynique celle d'une servante accusée d'avoir volé ses maîtres.

Forcé de se réinventer pour ne pas attirer de nouveau les foudres des autorités à son encontre en raison d'écrits sulfureux, il ouvre boutique et se lance dans la défense des opprimés. La seule affaire qui trouve grâce à ses yeux, opposant une famille de huguenots à un éminent membre de l'église, s'annonce intéressante par la réjouissante perspective de « navrer un ecclésiastique » mais fort indigeste de par la somme de règlements légaux et actes notariés à compulser.

Pour changer les idées de l'écrivain, le fidèle abbé Linant l'emmène visiter le musée de curiosités anatomiques du sieur Hérissant, taxidermiste de son état. Quelle n'est pas leur surprise à tous d'assister au réveil d'un des cadavres promis à la dissection. La miraculée n'est autre que la pendue du prologue, que les mains peu expertes d'un apprenti bourreau maîtrisant mal l'art des noeuds n'ont pas totalement envoyée dans un autre monde ( histoire véridique d'après les notes de fin ).

Devant l'injustice que constitue à ses yeux cette condamnation, Voltaire se fait fort d'assurer la sécurité de la demoiselle afin qu'elle n'ait pas droit à une deuxième séance définitive, et de prouver que le bourgeois plaignant n'était pas exempt de reproches. Il se lance dans une enquête rapidement jalonnée de décès peu naturels qui provoquent l'entrée en scène inéluctable de l'incontournable lieutenant de police René Hérault, flanqué de son adjoint Tamaillon.

Émilie, la charmante marquise du Châtelet, dont le frère est impliqué dans l'affaire des huguenots contre l'église, est provisoirement un peu en froid avec son « bon ami » l'écrivain/philosophe/enquêteur. Elle fait équipe avec la police - ce qui n'est pas pour déplaire à Hérault qui ne désespère pas de la détourner de la philosophie -, pour défier Voltaire dans la résolution des meurtres.

Le récit est une succession jubilatoire de bons mots et de scènes burlesques, toujours dans un esprit vaudevillesque cher à Frédéric Lenormand. Cet épisode est très réussi, bien rythmé par les savoureuses répliques d'un Voltaire en grande forme, bien secondé dans cet exercice par les autres protagonistes. Je peux juste regretter la présence intermittente de la marquise mathématicienne.
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