À part quelques esprits sérieux, notre époque vit au
jour le jour de faits plus que d’idées, et de faits sans grandeur. Les commérages auxquels est réduite la politique actuelle, les nouvelles du monde artistique et des salons, et ce triste bilan qui sous le titre de faits divers, expose les misères, les crimes et les aberrations de chaque jour, là se borne la nourriture intellectuelle et morale du plus grand nombre. Ce n’est pas qu’elle soit vide d’enseignements ; mais la moelle n’en est pas extraite et ces faits n’offrent à ceux qui en vivent qu’un intérêt passager, pris à part de leurs conséquences et de leurs causes : le simple appétit de l’incident, l’amour de l’enfant pour le conte ; dans l’esprit comme dans le journal, ils restent sans lien, sans ordre, séparés par des tirés. On réfléchit peu ; le temps manque ; le goût surtout. La vie, consacrée tout entière à la poursuite du but personnel, immédiat, harcelée par la concurrence sociale, est si haletante ! Tout s’y produit en hâte et sous forme de compétition : l’action, la pensée. Remonter aux sources est trop long.
Il ne s’agit plus aujourd’hui de la défense nationale, mais au lieu de se rétrécir, le champ de bataille s’est agrandit. Il s’agit de défense humanitaire des droits de la liberté
Le trône n’est autre chose qu’une barricade à l’usage des aristocraties
Dans cet élan passionné qui fit tomber tant de chaînes, qui reconnut l’homme dans l’esclave et fit du serf un citoyen, la femme, qui le partagea, fut oubliée ; on n’y songea pas
Son droit, dont s’irrite le pouvoir de l’homme, est en question ; l’inquiétude et la défiance éveillées mettent de coté l’ancienne courtoisie, et sans vouloir la traiter en égale, déjà on la traite en adversaire »
Par la dépendance matérielle où elle est tenue, écartée de presque toutes les fonctions sociales autres que serviles, et réduite à un salaire insuffisant, on la force, ou à se vendre dans le mariage en échange d’une protection souvent illusoire, ou à sa louer dans des unions temporaires : – On en a fait un objet
Pourquoi cette peur insensée, illogique, de la connaissance, de la réflexion, du libre développement de l’être ? Parce que de la connaissance dérive la volonté, comme de l’ignorance l’incertitude. Qui pense et qui sait veut ; tous les despotes sentent cela
Quand on a mis en poudre le droit divin, c’était pour que chaque mâle (style proudhonien) en pût avoir une parcelle
Chaque époque a ses clartés et ses ténèbres. Celle-ci fut un orage, et l’éclair incomplet n’embrasa pas tout le ciel