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Critique de umezzu


Ce nouvel épisode des enquêtes du commissaire Brunetti se situe dans la lignée des dernières productions de l'auteure américaine : peu ou pas d'enquête policière et beaucoup de considérations sociétales ou sur la vie.

Côté policier, il faut aller au-delà de la moitié du livre pour avoir un semblant d'investigation. Et encore… n'espérez aucun suspense, le récit de Donna Leon est tellement anticipé qu'on dirait un épisode de Colombo : tout ou presque est là avant le final.

Reste la trajectoire qui va mener à ce final. le comte Orazio Falier – le beau-père de Brunetti – lui demande de se renseigner sur son (ex) meilleur ami : Gonzalo de Tejeda. Un condisciple du comte -ils se connus à l'internat en Suisse, tôt en rupture avec sa riche famille pour cause d'homosexualité dans l'Espagne franquiste. Un homme a qui refait sa vie comme éleveur en Argentine, au Chili, puis à Londres et à Venise en tant que marchand d'art. Réussite matérielle et vie tumultueuse. Gonzalo en sa qualité d'ami des Failer est devenu un peu comme le grand-oncle des deux enfants de Guido Brunetti. Orazio Failer et Gonzalo se sont disputés suite à la volonté annoncée par ce dernier d'adopter un adulte : sa dernière relation, un noble romain, beau comme un Dieu, qui lui rend presque quarante ans. le comte s'inquiète de cette lubie, et craint que Gonzalo ne se laisse aller à une relation à sens unique. Brunetti, un peu gêné de la demande de son beau-père, accepte néanmoins de voir ce qu'il peut faire.

Donna Leon déroule un thème central : l'âge. L'âge qui amène à envisager la transmission de ses biens, en l'occurrence des oeuvres collectionnées par Gonzalo (et toutes les richesses qu'il a accumulé). La relative solitude d'un homme qui a multiplié les relations et arrive dans les dernières années de sa vie à envier l'amour tranquille qu'un Brunetti peut trouver dans sa famille. La différence d'âge aussi. Qui choque initialement Brunetti, avant que finement Paola lui fasse remarquer que si un vieil homme riche comme Gonzalo s'était entichée d'une jeune beauté du sexe opposé bien plus jeune que lui, il y aurait certes quelques commentaires, mais aucune opposition de fond quand à ses choix. Chacun est libre de sa vie – et de finir sa vie.

Brunetti tourne et retourne la demande qui lui a été faite. En parle un peu à quelques unes de ses relations. Profite des réflexions De Paola et continue de s'étonner de voir ses enfants, devenus presque adultes, développer leur propre personnalité. le sens de la vie est là pour lui  : partager la nourriture, un verre ou un moment avec sa famille et ses amis, et enchaîner avec la lecture d'un de ses classiques de l'antiquité que Brunetti ne cesse de relire.

Le lecteur qui connaît un peu l'auteure se dit que Donna Leon doit quelque part avoir mis un peu d'elle dans ce récit en demi-teinte. Beaucoup d'interrogations et des inquiétudes rentrées, qui s'effacent dans le dernier quart du livre pour faire place à un vrai travail policier. L'ensemble, s'il reste de haute tenue, paraît toutefois un peu faible. La romancière, qui parait-il, ne séjourne plus qu'une semaine par mois à Venise, semble un peu refermer cette longue suite de romans qui a fini par dérouler toute une vie vénitienne : celle d'un petit commissaire de la questure, au fonctionnement très humain.
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