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Critique de mjaubrycoin


Le lecteur qui ouvre pour la première fois un roman de Donna Leon mettant en scène le Commissaire Brunetti court un grave danger : celui de devenir un addict et d'enchaîner la découverte des enquêtes (il y en a plus de 25 à ce jour il me semble) non pas tant pour les intrigues policières qui sont bonnes mais sans plus, mais pour l'ambiance générale qui les accompagne.
Suivant les pas du marcheur qu'est le Commissaire, on se déplace dans Venise, on rêve le long des canaux, on déguste un café serré ou une pâtisserie délicieuse, on peste contre les hordes de touristes qui défigurent le paysage. On finit par devenir familier de cette si belle ville et des vénitiens ombrageux mais si attachants.
Mais on découvre aussi tout un pan sociologique et économique de la vie vénitienne, avec la corruption de certaines élites, la pollution qui fait craindre le pire pour la survie de la lagune, l'inefficacité des politiques gouvernementales, sans oublier les petits arrangements entre amis.
Certes tout ceci n'est pas joli, joli mais pour faire pendant, il y a la vie privée de héros avec son épouse érudite amatrice d'Henri James, ses deux enfants adolescents avec lesquels il a quelquefois des échanges vifs, ses amis et alliés à la questure où il travaille, comme la délicieuse Elettra toujours habillée à la manière d'un top model et petit génie du piratage informatique.
Dans cet ouvrage, Donna Leon aborde la question de l'histoire récente de l'Italie et de la façon dont les contemporains occultent les ravages du fascisme dans la société civile. Un voile d'oubli a été pudiquement jeté sur des agissements peu honorables mais certains se refusent à tourner la page.
La jeune Claudia brillante étudiante de Mme Brunetti tente de réhabiliter l'honneur perdu de son grand-père accusé (et condamné) pour avoir fait commerce d'oeuvres d'art spoliés aux malheureux qui fuyaient la dictature mussolinienne. Quand elle est retrouvée chez elle, sauvagement poignardée, Brunetti déduira à juste titre que les recherches qu'elle menait sur le passé sont probablement à l'origine de la haine qui a armé son meurtrier.
L'Italie a toujours été terre artistique et les oeuvres d'art qui s'y trouvent à profusion ont suscité bien des convoitises en ces temps troublés et plusieurs décennies après, la mémoire des faits reste vivace et les ressentiments intacts...
Une belle enquête qui met une fois de plus en avant les qualités humaines de Brunetti et son sens incomparable de la mesure en toute chose, probablement le fruit de ses bien-aimés auteurs grecs et latins dont la lecture constitue son loisir préféré.
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