AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Clubromanhistorique


La Révolution française est certainement l'une des périodes de prédilection des auteurs de romans historiques. Ces derniers temps, fruit du hasard ou bien de mon inconscient, j'ai lu pas mal de romans se déroulant à cette époque, au point de saturer un peu : imaginez mon état quand pour la énième fois de suite je revis la prise de la Bastille ! Alors c'est avec un peu d'appréhension, craignant l'ennui, que je me suis emparée de ce roman. Mais les premières pages m'ont immédiatement captivée et ceci jusqu'au bout du roman !

Point d'enquête policière, pas plus de romance historique et encore moins de terroir, et pourtant ce roman est un subtil mélange parfaitement dosé de suspense, de sentiments et de retranscriptions méticuleuses de la vie quotidienne aussi bien à Paris qu'à la campagne et des événements historiques tels qu'ils ont été vécus par les différents personnages de ce roman.

Et, en tout premier lieu, par l'héroïne, youpi, une femme au centre d'un roman historique ! Et quel personnage ! Catherine, fille du puisatier d'un petit village du Limousin, est obligée de quitter sa famille pour des raisons financières et de se mettre au service du baron et de la baronne de Saint-Val en tant que femme de chambre. La douleur provoquée par la séparation familiale est ravivée le jour où elle doit suivre ses maîtres à Paris, ceux-ci pensant y être davantage en sécurité par les temps qui courent. Pas vraiment, mais Catherine y gagnera sa liberté et vivra au jour le jour les événements de l'année 1789 mais y rencontrera aussi un certain Camille Dessailly, écrivain et journaliste, avec lequel elle nouera une relation intime. Ce tandem Catherine-Camille fonctionne bien, l'un étant le contrepoids de l'autre : quand l'un s'enflamme, l'autre tempère ; quand l'un prend des risques, l'autre tente de le raisonner, etc., mais ce beau duo ne sera pas pour autant à l'abri du danger, bien loin de là d'ailleurs ! Car si Catherine est animée par un sentiment de justice, prenant parfois des risques, toujours elle saura raison garder, ce qui ne sera pas le cas de Camille...

Même si les événements sont vécus principalement à travers les personnages de Catherine et de Camille, autour d'eux gravite tout un cercle de personnages secondaires appartenant à différentes classes sociales, Jean, Marie, le baron et la baronne de Saint-Val, les lavandières, la famille de Catherine. Et tous jouent un rôle important dans ce roman, car chacun exprime à son échelle et selon sa position sociale ses espoirs, ses craintes, ses colères. C'est là l'un des principaux atouts de ce roman : les événements sont vécus à hauteur d'homme, par les gens du peuple et cette approche donne énormément de vie et de force à ce roman. Les faits ne sont plus abstraits, ce ne sont plus de simples dates égrenées – la prise de la Bastille prend une tout autre couleur quand elle est vécue par Catherine ! –, on sent au fil des mois la tension croître et la colère sourdre face aux injustices de plus en plus criantes. le peuple ne mange pas à sa faim, le peuple travaille d'arrache-pied, le peuple est assommé par les impôts et les taxes alors que, pendant ce temps, d'autres mènent un train de vie dispendieux dans leurs manoirs, châteaux et autres belles demeures.

Le contexte historique n'en est pas pour autant oublié : la mauvaise conjoncture économique et les conditions climatiques exécrables – responsables de mauvaises récoltes, de famines et d'une mortalité plus importante – sont parfaitement évoquées.
Et c'est aussi toute une réflexion qui s'enclenche à travers les personnages lorsqu'ils s'aperçoivent que leurs idéaux révolutionnaires sont dévoyés, que la machine s'emballe... signes annonciateurs de funestes événements à venir.

Mais au-delà des faits, des lieux (Versailles, Hôtel de ville, Invalides, Bastille, prison de la Force, etc.) et des personnages historiques (Robespierre, le gouverneur Delaunay, etc.), parfaitement décrits sans nous noyer sous les détails – et c'est loin d'être facile quand on parle de Révolution française –, j'ai particulièrement apprécié la restitution de la vie quotidienne, certes à Paris (tavernes, marchés, lavoir, etc.), mais surtout à la campagne : le travail aux champs, les relations familiales et sociales, les fêtes campagnardes, le déroulement du repas, etc. Car si la vie à la Cour est bien documentée, il n'en va pas de même pour la vie rurale : c'est une réalité plus difficile à saisir, même si des travaux récents permettent aujourd'hui de mieux l'appréhender et la cerner.
Toutes les descriptions, à la fois précises et concises, laissent place à l'imagination ; des odeurs, des couleurs, des émotions surgissent au fil des phrases : par exemple, le travail des lavandières est retranscrit de manière extrêmement vivante, avec une foule de petits détails très intéressants, les gestes, la position du corps, le parler d'alors, les douleurs engendrés par ce travail, les odeurs, etc. Tous les détails sont amenés de manière si fine, fluide et vivante qu'à aucun moment on est pris d'ennui, le récit est bien rythmé. Autre exemple, les relations familiales : on a longtemps pensé qu'au cours des siècles précédents les relations parents-enfants étaient dénuées d'affection, du fait notamment d'un taux de mortalité en bas âge élevé, surtout quand il s'agissait de filles, mais les dernières recherches en la matière montre que cette idée est fausse, du moins à fortement relativiser. Et, ici, l'auteur met justement en avant, de manière inattendue, une belle histoire familiale dans laquelle les liens de tendresse, d'affection et d'amour sont présents même s'ils ne sont pas toujours exprimés de vive voix ou de manière démonstrative.
Mais tout n'est pas rose dans ce roman, je pense notamment à une scène d'avortement particulièrement réaliste, au point d'en avoir le coeur au bord des lèvres, mais aussi aux dangers qui guettent les personnages, tous n'en sortiront pas indemnes... Et autant vous dire que la fin du roman laisse présager une suite, ce qui est confirmé par le texte de quatrième de couverture... et là, je n'ai qu'une hâte, découvrir la suite de cette histoire !
Lien : https://romans-historiques.b..
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}