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Critique de Milleliri


C'est seulement en arrivant dans les 30 dernières pages de ce bouquin publié en 1949, présenté comme un classique en matière d'écologie et d'éthique environnementale aux États-Unis, que je réalise que l'auteur pratique une sorte de racisme par omission. Dans ces 300 pages assez copieuses, je crois bien n'avoir lu le mot "Indiens" que trois fois, dont une dans une note du traducteur. le mètre-étalon c'est le pionnier, ses chariots, ses fermes, ses cultures et ses élevages. le bon côté des choses, c'est que les Premières Nations sont exemptées par Aldo Leopold de toute responsabilité dans la transformation / dégradation des environnements naturels depuis la conquête de l'Ouest, un peu comme si la prairie d'avant les colons est une prairie vierge de toute empreinte humaine. le mauvais côté, c'est que c'est un tel biais que ça décrédibilise ses observations, réflexions et conclusions. En ignorant complètement l'expérience indigène, en ne tenant compte que de celles des colons, il prive son lecteur de la richesse d'une appréhension des espaces naturels américains différente et peut-être complémentaire.

En vérifiant vite fait sur Wikipédia si cette "omission" traduit un racisme plus fondamental... Eh bien je ne suis pas très surprise de lire :
"Sa défense des espaces naturels avait un corollaire inquiétant - un mépris pour la population humaine qui a même abouti à une critique de la fourniture de nourriture et d'aide médicale aux pays en développement. Il a exploré ses idées racistes et anti populations indigènes dans plusieurs manuscrits inédits analysés et publiés dans l'article "Pestered with Inhabitants: Aldo Leopold, William Vogt, and More Trouble with Wilderness", dans la revue scientifique Pacific Historical Review publié par University of California Press."

L'un dans l'autre, j'en arrive à la conclusion que j'ai lu un ouvrage de propagande, qui fait volontairement l'impasse sur tout un pan de connaissances et d'expériences. le procédé est particulièrement vicieux car le lecteur pourrait ne même pas se rendre compte qu'on les lui a soustraites. Tout le propos d'Aldo Leopold m'apparaît donc inconfortablement incomplet et ce qui est grave, c'est que ce n'est pas de la maladresse ou de l'ignorance. Tu peux te tromper dans tes conclusions parce que tu n'as pas conscience de tes biais et ne peux donc pas en éviter l'écueil. Mais lui, à mon sens, il n'a aucun scrupule à "falsifier" au moins en partie ses conclusions.

Le livre aurait sans doute gagné à se voir adjoindre une petite préface afin que le lecteur ait conscience des biais invisibles que lui impose le silence de l'auteur. Qu'il entreprenne sa lecture en tout connaissance de cause.
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