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Critique de domi_troizarsouilles


Voici un de ces nombreux livres que j'ai lus il y a un certain temps (je l'ai eu terminé précisément le 31 août dernier), mais dont je n'ai pas encore eu/pris le temps de rédiger le commentaire, tandis que mon souvenir s'estompe peu à peu, rendant mon avis écrit avec autant de « retard » quelque peu caduc, et certainement moins éclairé que si je l'avais écrit dans les 2-3 jours qui suivent – au pire dans la semaine.
Cependant, ce livre est tout à fait particulier, car c'est aussi une relecture (c'est assez rare, pour moi), plus de 30 ans plus tard ! Je l'ai lu autrefois, à l'adolescence, quand j'allais encore à la petite bibliothèque de quartier avec mes parents. Je n'ai évidemment aucune trace de cette lecture-là, mais j'imagine qu'elle date de 1989 (j'avais 17 ans…), lors de la sortie de ce roman en poche – sinon, je ne vois pas comment il aurait attiré mon attention ! En effet, ma bibliothécaire de l'époque n'hésitait pas à mettre les nouveautés en évidence, je la revois presque me proposant ce livre explicitement.
Et surtout, j'ai le souvenir, désormais très flou pourtant, que j'avais adoré ce livre ! Ainsi, quand je l'ai vu passer tout à fait par hasard sur Amazon (même pas en offre Kindle, en tout cas le prix n'a pas bougé depuis lors), je n'ai pas hésité une seule seconde à l'acheter, en plus dans une réédition chez un nouvel éditeur, avec une bien jolie couverture !

Aujourd'hui, mon sentiment reste très positif sur ce court livre, assez classique dans le genre SF (mais ce relatif manque d'originalité est sans doute lié à l'époque où il a été écrit) : les êtres humains ont colonisé diverses planètes dans l'espace (on ne sait pas comment, et ce n'est pas le propos). Ici, nous sommes sur la planète Gwyzh ; fidèle à ses habitudes, l'être humain a plus ou moins exterminé un maximum de la population locale et cantonné les survivants dans ce qui ne s'appelle pas « réserves » mais y ressemble furieusement, tandis qu'il s'est installé sur les terres les plus fertiles et/ou les plus adaptées à l'élevage de l'une ou l'autre race animale locale, dans de grandes exploitations dont le propriétaire est maître et seigneur sur tout qui y vit et travaille pour lui, dans un système de type féodal où le fils (souvent unique) est l'héritier et va se marier avec le propriétaire le plus proche et/ou le plus riche pour agrandir encore la fortune…

Dan est ainsi l'héritier de l'un des plus grands et plus fertiles domaines, dont le père est néanmoins poliment ostracisé par ses semblables, sans que le jeune homme sache pourquoi, ni ne cherche trop à le savoir. Tout s'accélère pourtant lorsque, à l'occasion d'une balade sur son domaine, Dan entre en contact sans le vouloir avec les indigènes (dont une réserve jouxte le domaine), et tombe sous le charme de l'une d'elles – au sens littéral : il n'est pas question d'un sentiment amoureux, on n'est pas dans une romance !, mais un attrait mystérieux, une espèce de fascination, qui va le conduire à se poser tout à coup plein de questions, et peu à peu à remettre en question tout ce qui lui a été inculqué jusqu'alors.

Avec tout ça, et avec mon regard de presque-vieille (clin d'oeil) désormais, je ressens ce livre comme destiné – peut-être pas volontairement à l'époque de son écriture, mais aujourd'hui ce serait évident – à un public « young adult », à cause de l'âge du héros principal sans aucun doute, mais aussi de par les thématiques abordées, qui sont traitées sans équivoque mais aussi sans grand approfondissement, l'auteur privilégiant l'action de façon évidente. Il aborde ainsi ces thématiques presque « habituelles » dans ce genre de littérature, et certainement : tout ce qui tourne autour de l'anéantissement de (ou du refus de considérer) une culture indigène, parce qu'elle n'est pas la nôtre, parce que ces gens ne sont pas « comme nous » (et n'ont, notamment, aucune notion de profit) et parce qu'en plus on ne les comprend pas vraiment, voire pas du tout. Nos héros pourront-ils aller contre cette forme tellement violente (et assumée pour d'évidentes mauvaises raisons !) de racisme organisé ?
À vrai dire, on pense immédiatement aux Amérindiens, qui ont eux aussi été en grande partie exterminés, les survivants repoussés dans des réserves par Le Blanc conquérant, tandis que personne n'a essayé de comprendre réellement leur culture et leur façon de voir le monde (fondamentalement différente de celle des premier migrants européens en Amérique du Nord), si ce n'est beaucoup plus récemment, et alors dans un élan mystique, ou dans une recherche de spiritualité plus « à la mode », à l'heure où les religions traditionnelles sont en perte de vitesse…

C'est là le seul (petit) reproche que je ferais désormais à ce livre – mais j'avais oublié cet aspect, c'est dire comme il est assez peu important par rapport à l'enchantement général de l'ensemble ! C'est que, avec cette notion « d'arbre-miroir », l'auteur touche aux fondements de la culture indigène de sa planète Gwyzh, dans une écriture qui se perd alors dans une certaine spiritualité mêlée d'une distorsion du temps ou, en tout cas, une autre perception de la notion même du temps. Hélas, c'est abordé d'une façon que j'ai trouvé assez nébuleuse, j'avoue même que je n'ai pas trop compris le propos de l'auteur à ce sujet… ce qui, paradoxalement, pourrait renforcer le sentiment de malaise que les humains peuvent avoir face à une culture indigène passablement hermétique, alors que tout le message du livre semble plutôt encourager le lecteur à une plus grande tolérance, à une réelle ouverture face à ce qui est inconnu et différent !

Mais voilà : à part ce petit bémol, l'histoire est tout à fait prenante, dans une écriture très agréable qui ne se dément pas, fluide la majeure partie du temps, pour une histoire pleine de rebondissements. Si le contexte de la colonisation de Gwyzh manque parfois de précisions (mais le but du livre n'est clairement pas de nous faire revivre cette étape-là), l'essentiel est présenté pour que le tout fasse sens et rapidement. Les personnages sont attachants, Dan en particulier, de même que la Gwyden mystérieuse par qui il est tellement attiré, mais aussi tous les personnages secondaires (même les potentiels « méchants ») qui sont tous bien campés à leur façon. de même, j'ai apprécié la « création » de quelques races animales indigènes – je connais peu d'histoires de SF qui prennent la peine de s'intéresser à d'éventuels animaux indigènes, se concentrant toujours et uniquement sur les êtres humanoïdes que l'on peut y rencontrer, et c'est tout ! – dont l'inénarrable monture de Dan, qui joue son petit rôle l'air de rien, et d'une certaine façon donne une touche de légèreté à des chapitres qui, autrement, seraient trop proches du drame ! On peut donc dire que l'ensemble est parfaitement maîtrisé, pour le plus grand plaisir du lecteur.

Bref, une fois n'est pas coutume, cette relecture (déjà rare en soi) confirme tout le bien que j'avais pensé de ce livre il y a plus de 30 ans, dans une histoire assez classique de science-fiction, dont les thématiques – dont le refus de la différence - restent tristement d'actualité dans notre monde actuel. le contexte est parfaitement maîtrisé, les personnages sont attachants et l'histoire pleine de rebondissements est prenante, dans une écriture agréable et généralement fluide. Mon seul regret : c'était trop court !
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