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Critique de BazaR


« Mille fois mille fleuves » est le troisième roman du cycle de Lanmeur, cet ensemble qui voit la planète Lanmeur essayer de rassembler les humanités éparses de l'univers en une seule civilisation : la sienne.

C'est un roman épistolaire. Une jeune femme se raconte, écrivant aléatoirement l'histoire au présent ou au passé (nous ne lisons après tout qu'une traduction d'un ensemble d'idéogrammes où les notions de temps sont peut-être différentes). Elle appartient à la civilisation du fleuve Finllion et habite un village sur pilotis. Elle a l'honneur de devenir la nouvelle épouse du fleuve, ce qui lui procure renom et responsabilités dans la vallée. Mais voilà que des envoyés des Iles Vermeilles, lieu de résidence du Vieux Saumon, le Dieu Réincarné de ce monde, viennent la chercher : le Vieux Saumon sollicite de chaque vallée, de chaque montagne, son bien le plus précieux. Situation inédite, certainement en rapport avec les rumeurs de l'arrivée dans les Iles des hommes oiseaux. La jeune femme rejoint les Iles avec son cadeau, rencontre le Vieux Saumon en personne et s'éprend d'un homme oiseau (un envoyé de Lanmeur comprend-on). Cette relation charnelle est une offense pour le fleuve qui se venge violemment. Déchue, chassée, la jeune femme fuit vers les montagnes.
Je n'en dis pas plus.

L'héroïne, dont on ne connaît le nom qu'à la fin (qui irait écrire son propre nom dans les chroniques de son journal ?), est clairement ballotée dans ce roman, par le fleuve bien sûr, mais surtout par les manoeuvres politiques du Vieux Saumon qui réagit de manière feutrée à l'arrivée des Lanmeuriens. Elle est la pièce maîtresse de sa stratégie, mais n'en a guère l'intuition. On suit son existence tranquille au bord du fleuve - l'occasion de découvrir une nouvelle et riche civilisation - sa confrontation aux personnages importants des Iles Vermeilles, son exil, comme on suivrait la victime d'un dommage collatéral d'une partie d'échec planétaire. On accède aux évènements cruciaux pour la planète à travers les rumeurs, les échos, les ondes réfléchies par des rivages secondaires.
C'est de fait assez frustrant. Les précédents romans de Lanmeur nous faisaient partager le point de vue d'un Lanmeurien découvrant une nouvelle civilisation. Ici c'est à travers les écrits d'une autochtone que la civilisation nous est décrite ; c'est plus difficile car on n'est pas accompagné par les réactions de surprise, de peur, d'horreur ou autre qui animaient l'étranger devant la nouveauté. Les Lanmeuriens eux-mêmes sont peu évoqués, car peu côtoyés par l'héroïne.

Ce n'est pas un roman épique, peu d'action, mais plutôt un roman d'atmosphère, où une nouvelle planète est finement sculptée par Christian Léourier, avec toujours beaucoup de doigté et de poésie.
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