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Critique de paulotlet


Voici un livre que tous les acteurs des politiques culturelles devraient lire. Des auteurs aux conservateurs de musées, des animateurs socio culturels aux bibliothécaires, des artistes aux fonctionnaires du ministère de la culture. A travers l'histoire de l'éducation populaire en France, les auteurs rouvrent le débat sur la démocratie culturelle. Parent pauvre des politiques culturelles, au point d'avoir été reléguée au ministère de la jeunesse et des sports, la culture par tous est née du mouvement ouvrier, a mûri dans la Résistance et est devenue enjeu politique dans l'immédiat après-guerre.

Malraux rêvait de démocratisation de la culture. Il s'agissait de permettre au plus grand nombre l'accès à des modèles culturels présentés comme universels et ce dans une dynamique où le public restait essentiellement passif. Malraux l'autodidacte, dont l'ascension sociale était intimement liée à une stratégie individuelle d'appropriation de la culture légitime n'était pas franchement acquis aux logiques de l'éducation populaire.

La démocratie culturelle, dont s'est emparée le secteur socio culturel vise davantage à permettre au plus grand nombre de devenir acteur de sa vie. Axée sur le développement de l'esprit critique et l'intégration des productions individuelles dans des pratiques collectives, l'éducation populaire s'inscrit résolument dans un projet d'émancipation sociale et culturelle.

Les ministres de la culture successifs se sont engouffrés dans des politiques qui privilégiaient le soutien aux Beaux-Arts comme expression ultime de l'intervention étatique dans le secteur. Frank Lepage remarque que même un Jack Lang est resté cantonné à une logique qui séparait drastiquement professionnels et amateurs et s'est finalement borné à inviter "des créateurs désignés par lui à signer des actes de création. Par cet acte, et par délégation, c'est l'Etat lui-même qui signe, c'est à dire qui désigne le sens" . Ce faisant, l'Etat s'inscrivait finalement dans une posture louiquatorzièmiste.

A travers l'épopée des pionniers de l'éducation permanente et le récit d'expériences souvent excitantes, cet ouvrage rappelle l'impérieuse nécessité d'articuler les politiques culturelles à un projet politique de transformation sociale.
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