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Critique de spleen


Un album qui m'a été conseillé par le bibliothécaire me voyant errer dans le rayon BD .
Effectivement c'est remarquable !

Cette histoire raconte le séjour fait par le dessinateur à Tchernobyl pour réaliser un carnet de route, il y accompagnait un collectif d'artistes dont certains avaient déjà fait des séjours en Ukraine

Au début de l'ouvrage, est racontée la catastrophe nucléaire , ses implications locales et mondiales et le traitement médiatique de l'époque.

Nous assistons aux réunions préparatoires des amis , dans une ambiance anti-nucléaire , Emmanuel Lepage y fait part comme certains autres de son appréhension d'aller en zone contaminée, on peut les comprendre , le ravitaillement a apporté sur place s'organise, la nourriture locale, contaminée étant un des points épineux du séjour.

Puis nous suivons le voyage, l'arrivée et l'installation dans le petit village près de la zone interdite, la rencontre avec la population locale, ceux qui sont restés et ceux qui sont revenus, jeunes et vieux, avec des motivations bien différentes : il y a ceux qui ont le coeur ancré dans cette région, ceux qui veulent aider ou témoigner et ceux qui en profitent: les pilleurs.

Les barrières tombent, la vodka aidant le rapprochement, les musiciens fraternisent autour de leur musique ,qui à la guitare ou au bayan .

Le dessin est sombre, sans couleurs , tourmenté, comme l'histoire dramatique de ce bout d'Ukraine avec de temps en temps une touche de couleur, le visage d'une jolie interprète, un panneau de radio-activité.

Les angoisses de chacun , lorsque se déroulent les visites dans les zones réglementées, s'expriment de façon différente , un tel se déplace avec son dosimètre, Emmanuel avec masque et sacs plastiques autour des chaussures ou attitude provocatrice des jeunes du coin …

La ville de Pripiat , les villages abandonnés et pillés , les véhicules abandonnés donnent une vision post-apocalyptique que retranscrit bien le crayon noir de l'artiste.

Et puis au détour d'un sentier, la nature reprend ses droits, la couleur s'impose , éclatante, lumineuse, la palette d'Emmanuel s'illumine d'elle-même à la surprise presque choquée du dessinateur .

Les enfants avec leurs rires, leurs jeux ,arrivent , les bras chargés de jonquilles, bousculant les habitudes un peu feutrées , comme si chacun s'évertuait à ne marcher que sur la pointe des pieds.

Le décor se transforme et le constat est bien éloigné de celui prévisible au départ de désolation et ravages.

Et l'inconcevable se produit: un pique-nique en zone contaminée, la joie de vivre et la nature qui reprend ses droits , fière et sauvage.
La vie s'impose et continue.

Une lecture époustouflante et très émouvante.
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