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Critique de DETHYREPatricia


#Prixdesauteursinconnus2022
#PAI
#PAI2022
OUVRAGE SÉLECTIONNÉ DANS LE CADRE DU PRIX DES AUTEURS INCONNUS 2022 – Catégorie LITTÉRATURE NOIRE dont je suis l'un des jurés.

Au départ, j'avais un peu tiqué. Un titre à mon sens beaucoup trop long LA NUIT EST LE MEILLEUR MOMENT DE LA JOURNÉE … 1. POUR TUER et un peu bancal, car la partie du titre POUR TUER se trouvait séparée du reste graphiquement. On comprend cependant que ce livre constitue le premier tome d'une série. de même, la couverture dans les tons noir et blanc ne me motivait pas trop. J'ai tiqué en voyant le sens de la photo inversé. Les cimes des sapins ont la tête en bas (je me suis demandé si c'était volontaire et quelle pouvait être la raison d'être de cette inversion). En revanche, le texte de la 4e de couverture est alléchant et confirme que l'on est bien dans la catégorie noire : des meurtres, des assassins, un inspecteur de police à la personnalité et au passé troubles. Néanmoins, l'extrait proposé dans le cadre des présélections m'avait intéressée dans le sens où, malgré quelques remarques formelles, il me donnait envie de connaître la suite du livre. Pourtant, quand il a fallu n'en retenir que cinq, il n'est pas entré dans mon quinté de prédilection. le retrouvant parmi les finalistes, j'ai donc lu cet ouvrage dans son intégralité et je l'ai apprécié. En effet, la suite de l'ouvrage m'a permis de découvrir un texte beaucoup plus intéressant que ce que laissait présager l'extrait.

MES COMMENTAIRES SUR LE FOND
Premièrement, je salue l'ingéniosité de l'auteure à la fois pour avoir construit une intrigue particulièrement inhabituelle et donc intéressante et pour avoir fait le choix d'une narration à la première personne du point de vue de son personnage masculin principal. Je trouve que ce n'est pas toujours évident pour une auteure féminine de bien rendre compte de la personnalité, du ressenti, des émotions d'un personnage masculin (et vice-versa). Ici, c'est très réussi.

Il n'est pas simple de chroniquer ce livre sans prendre le risque de trop en dire… Aussi, vais-je tenter d'éclairer sans trop dévoiler.

Donc, les lecteurs que nous sommes sont invités à suivre dans son quotidien d'inspecteur de police américain, Charlie Myers, âgé de la trentaine, expert spécialement formé à la traque des tueurs en série qui sévissent dans sa circonscription de Salt Lake City, aux États-Unis. Une première enquête le mobilisera un temps sur son lieu de vie de Park City, une petite station de ski de l'Utah (où vivent ses parents, où il pratique sa passion pour les sports de glisse et où il se ressource). Sa connaissance des lieux, mais aussi celle des pratiques et des personnes locales l'aideront dans la résolution de celle-ci. Dans le cadre de cette enquête, on comprend que Charlie vit sa traque comme un « jeu » qui l'oppose, personnellement, au criminel en question. Formé au profilage, il tente de se mettre à sa place, de penser comme lui (ou elle), de comprendre ses règles et son mode de fonctionnement et de communication, d'anticiper ses actes, de jouer des coups d'avance pour mieux le coincer. Ne faire plus qu'un avec le criminel auquel, par la force des choses, il finit par s'identifier. S'il est solitaire et assez sauvage dans sa vie personnelle, dans sa vie professionnelle, il peut compter sur le professionnalisme et l'amitié sans faille de sa coéquipière Maxim, avec laquelle il entretient une relation fusionnelle bien que dénuée d'attirance sexuelle puisque Maxim, elle, préfère les femmes.

Une enquête particulièrement ardue se présentera à eux : un tueur en série semble s'attaquer à des personnes (hommes et femmes) exerçant dans différents secteurs de la médecine, selon un rythme qui tend à se raccourcir de plus en plus. Les personnes tuées n'ont manifestement aucun lien entre elles. Mais le mode opératoire semble confirmer qu'il s'agit de la même personne. Comment avancer alors qu'il y a très peu d'indices laissés sur les différentes scènes de crimes ? Les lecteurs sont donc invités à suivre en direct live les circonvolutions de l'enquête jusqu'à son aboutissement…

Mais, la personnalité de Charlie n'est pas aussi lisse qu'elle y paraît. Et le lecteur qui suit ses agissements sera assez rapidement fixé sur ses activités parallèles et nocturnes qui, d'emblée, ne peuvent qu'interroger sur son état mental (serait-il schizophrène ?). le super flic tombe de son piédestal. Une découverte qui fait vraiment froid dans le dos, tant les scènes décrites sont difficilement soutenables ! Une découverte qui fait regarder le « héros » autrement, et lire la suite du livre d'une toute autre manière.

Au-delà des enquêtes criminelles suivies, cet ouvrage est également l'occasion d'évoquer les thèmes suivants : les disparitions d'enfants et d'adultes non élucidées ; la pédo-criminalité confrontée au manque de moyens pour la combattre et aux récidives ; la difficulté des victimes à surmonter leur traumatisme et à parler aux proches ou à des professionnels ; l'inceste et les batailles juridiques dans les couples ; le lesbianisme et l'attitude de rejet de la famille ; les limites de l'amitié et de la confiance accordée à l'Autre ; la notion du Bien et du Mal et la tentation de rendre justice soi-même. Autant de sujets de société qui amènent à s'interroger.

MES COMMENTAIRES SUR LA FORME
Dès la première page, l'entrée en matière est bien ficelée : le décor est planté et tout de suite, le suspense s'installe. On a très envie d'en savoir plus sur qui est à l'origine de ces meurtres répétés et sur la façon dont l'inspecteur va contribuer à les résoudre. L'écriture est très fluide, les descriptions (des personnages, des décors, des scènes de crimes, des situations) particulièrement réussies, la syntaxe et l'orthographe sont très correctes (même si quelques coquilles relevées). Aux descriptions alternent des dialogues particulièrement bien rendus. On a vraiment l'impression d'y être !

Je me suis interrogée sur le choix de l'orthographe des prénoms : Charlie avec un « e » pour l'homme alors qu'on a plus l'habitude de le voir écrit Charly. Et Maxim sans « e » pour la femme qui est pourtant un prénom masculin. Hasard ou sens caché (mais pas explicité) ?

Parmi les choses qui m'ont gênée (mais cela reste très subjectif), je noterai l'action qui se déroule aux États-Unis. Pourquoi ce choix ? Cette histoire aurait tout à fait pu se jouer dans une station de ski française ou encore dans une grande ville de la région Rhône-Alpes. J'ai appris après-coup que l'auteure vivait au Québec. Ceci explique donc cela !
Les nombreuses adresses directes au lecteur m'ont également gênée (Ex : « Attendez de voir, vous allez l'adorer », « je vous promets d'organiser une fête en son honneur » ; « Je vous présente le Sergent William Brown » ; « Quitte à vous l'expliquer » ; « il ne manque plus que le personnage principal de la scène qui va se jouer sous vos yeux » …). S'agit-il d'une volonté délibérée de l'auteure de nous rendre spectateur de l'action, voire complice ? À mon sens, il s'agit d'une erreur formelle « de débutante » qui, d'ailleurs, a été corrigée dans la seconde partie du roman, car je les ai trouvées moins présentes par la suite. Quelques formulations auraient mérité d'être mieux relues et reformulées (Ex : « J'éloigne mon regard de mes observations » ; « « dans un train-train quotidien ennuyant » = ennuyeux ; « et mes dents se dévoilent de plus belle » ; « des coups à la vitre me volent un sursaut » ; « Un homme d'âge mûr usé par la vie, d'un genre banal, ouvre la porte de lui-même »). Parfois, une surenchère de détails m'a paru superflue et de nature à alourdir le rythme.
J'ai par ailleurs relevé de belles formulations même si un peu décalées par rapport à l'ambiance noire du roman : « Ex : La neige fraîche reflète de nombreuses étincelles face aux rayons de soleil qui englobent Park City ».
Certes, l'enquête aboutit, mais je suis un peu restée sur ma faim quant aux « activités annexes » de Charlie. Rien n'est dit sur le devenir de sa cabane dans les bois ni de ses oiseaux apprivoisés. du coup, on a un peu de mal avec la crédibilité du propos. J'ai, par ailleurs, été quelque peu surprise par la fin quelque peu « guimauve » du roman… alors que pas mal de questions restent sans réponses. Mais peut-être que celle-ci est-elle dans la logique du tome 2 qui s'annonce ?

Une belle surprise donc avec ce roman noir que je n'aurais pas acheté d'emblée, mais qui vraiment se laisse lire avec intérêt et frénésie pour connaître la fin. Comme quoi, tout le monde peut se tromper !

Un petit tour sur le site de la Fnac m'a permis de voir qu'Amandine Lerat avait d'ores et déjà écrit le tome 2 de cette histoire (on y retrouve Charlie et Maxim). Elle la présente comme une « courte nouvelle » apparemment seulement disponible en e.book. Son titre : NOEL EST LE MEILLEUR MOMENT DE L'ANNÉE… 2. POUR MANGER.
Pour commander ce livre : La nuit est le meilleur moment de la journée 1. Pour tuer Tome 1 - broché - Amandine Lerat - Achat Livre | fnac

Liens :
Site PAI 2022 : https://www.prixdesauteursinconnus.com/
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