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Critique de Cellardoorfr


Bien des choses m'ont attirée vers ce roman.

Le fait qu'une partie de l'histoire se passe à l'époque victorienne, le fait que le roman alterne entre deux époques pour un même lieu (car les thématiques sont souvent intéressantes, j'aime qu'on me parle du passage du temps sur les bâtiments) et bien sûr, l'aura de mystère qui plainait sur l'ensemble. J'avoue que le fait que le roman fasse moins de 200 pages était aussi un point positif (car les romans courts ont l'avantage d'être lus rapidement) mais aussi un défaut potentiel car si le livre était aussi bien qu'il semblait l'être, n'était-il pas dommage qu'il soit si court ?

En réalité, non. Les Filles déchues de Wakewater est excellent, c'est un roman original et troublant mais sa longueur est idéale. Il est assez long pour nous raconter l'histoire de ces deux femmes et assez court pour être intense et marquant. Plus aurait été trop.
Il est difficile de parler d'un roman qui mélange de nombreux thèmes, qui est à la fois réaliste et étrange.

Il est réaliste quand il parle de la condition des femmes de l'époque victorienne car l'établissement thermal accueille des femmes jugées dysfonctionnelles et ayant besoin d'un traitement (celle qui a perdu son bébé, celle qui ne trouve pas de mari car elle n'est pas intéressée par les hommes, celle qui se remet d'une hystérectomie…).

Féministe aussi, car il évoque bien évidemment la bêtise des hommes qui ne voient les problèmes que via le prisme de leur toute puissance masculine. L'engagement d'Evelyn est mis en avant et permet d'évoquer cette inégalité, ces injustices et la pression d'une société qui obligeait bien des femmes perdues, ces fameuses femmes déchues, à préférer le suicide par noyade à une vie de honte et de pauvreté.

Les thèmes de la mort et du suicide sont très présents dans l'oeuvre mais ne sont pas mis en avant de manière morbide car ils sont intimement mêlés à la symbolique de l'eau. L'eau qui soigne les femmes de l'établissement. L'eau vers laquelle les suicidées sont allées comme pour se purifier. L'eau chargée de toute cette souffrance féminine et vers laquelle Kirsten ne peut se retenir d'aller… Et afin de nous plonger dans une ambiance particulière, l'auteur fait appel avec subtilité à la « mythologie de l'eau », aux légendes, avec l'évocation des créatures de l'eau, toutes ces sirènes, Mélusine, …

On trouve beaucoup d'étrange et un peu d'angoisse dans un roman qui ressemble à un huis-clos. Car il y ces phénomènes étranges, ces fuites dans l'immeuble, cette main qui se tend de sous la surface de l'eau, il y a cette femme aux longs cheveux noirs, qui flâne le long de la berge et qui semble attendre qu'on vienne à elle… A moins qu'elle ne vienne finalement chercher Kirsten ? Et Evelyn ? Y résistera-t-elle ?
En bref,

A mesure que le temps passe et que les pages se tournent, l'eau devient de plus en plus présente, de plus en plus menaçante et la pression s'intensifie : le roman de Leslie V.H. ne ressemble à nulle autre et est aussi court que riche en thématiques diverses. J'ai beaucoup aimé son ambiance, ses personnages, la recherche qu'il y a derrière l'histoire, la symbolique de l'eau… Plus j'y réfléchis et plus je réalise que c'est une petite prouesse d'avoir évoqué autant de choses en si peu de pages !

Vous l'avez compris : c'était une très belle découverte !
Lien : http://cellardoor.fr/critiqu..
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