AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JIEMDE


« Ils avaient voulu voir le monde. Elle espérait que pour quelques instants au moins, le voyage avait été beau. »

Il est malin Yan Lespoux, débarquant là où on ne l'attendait pas. Loin de poursuivre avec ses nouvelles à succès, sans même verser dans le noir qu'il affectionne, ni s'appuyer sur l'histoire occitane dont il a fait son métier, il surprend avec Pour mourir, le monde, son premier roman.

Dans une ambitieuse fresque historique et épique, nous voilà projetés au début du XVIIe siècle au Brésil dans les pas de Simāo et Fernando, en Inde dans ceux de Diogo et Ignacio, au Portugal dont les navires disputent aux Anglais et Hollandais la suprématie des mers. Et dans le Médoc aussi (quand même !), avec la fière Marie.

Pour mourir, le monde est un livre de marins, d'aventure, de bandits, de guerre, de trahisons… Mais c'est surtout un livre de destins, ceux de personnages nés pour être « un des milliers de bras armés qui maintiennent en vie des empires qui ne le méritent pas ».

Des femmes et hommes qui se cherchent et n'attendent qu'un coup du destin, une aide ou un bateau en partance pour prendre leur vie en main. « Il faut que je meure ici ou que je vive enfin ailleurs. »

Le livre s'ouvre et se ferme sur des chapitres d'une folle puissance. Entre les deux, il y a la fluidité d'un style qui vous emporte au gré des vents et des naufrages, des ambitions et des revers, d'un joli travail impressionniste des personnages, par touches successives.

Peu adepte des livres historiques, j'ai apprécié l'habileté de Lespoux à surfer sur le chemin de crête étroit qui sépare dans un savant équilibre, faits avérés et trame romancée, sans jamais verser dans le trop-plein de l'un ou de l'autre. Idem pour les dialogues, dont il use avec parcimonie. Habile, je vous dis !

L'ensemble donne un livre enlevé, difficile à lâcher, où affleure ci-et-là quelques clins d'oeils espiègle, via ce titre à la James Bond ou ce énième coup de pied de l'âne à ses meilleurs ennemis girondins : « Oh, tu sais, la famille, c'est sacré. Et puis j'aime bien l'idée qu'elle ait tué un Bordelais. »

On savait Lespoux doué. C'est confirmé ! Alors on se précipite.
Commenter  J’apprécie          435



Ont apprécié cette critique (41)voir plus




{* *}