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Critique de JIEMDE


Oser…

Oser prendre le risque de passer pour un Bordelais - ce qui semble t-il, sera toujours mieux que de passer pour un Parisien ou un Charentais ! – en avouant que je ne connais de ce pays de l'Océan, que ce que les estivants croqués par Yan Lespoux en perçoivent. C'est-à-dire rien, ou à peu près.

Et pourtant, comment se fait-il qu'à chacune de la trentaine de nouvelles de Presqu'îles, je me sois senti chez moi quand il me parlait de chez lui ? le talent probablement… Celui de réussir à transposer dans un univers pourtant étranger, tous ces petits marqueurs personnels et souvent universels, qui te font replonger direct dans ton passé, ta jeunesse, ton pays, ton identité.

Voilà, le mot est lâché. Malgré ses activités professionnelles, Lespoux n'est pas un auteur régionaliste comme j'ai pu le lire ailleurs, assez maladroitement : c'est un auteur identitaire et il rend à ce mot la noblesse qui lui sied, honteusement confisquée par tant d'autres. Des Parisiens sans doute…

« Il est là parce qu'il y est bien et pour rien d'autre » (Un jour parfait). « Il se dit que l'on n'est décidément jamais mieux ailleurs que chez soi » (Jamais mieux que chez soi). En peu de mots, simples, tout est dit. Naître, vivre et mourir chez soi. Partir parfois. Revenir toujours.

Mais là où Yan Lespoux excelle, c'est quand il parle des gens, des « vrais gens de la vraie vie ». Il n'écrit pas sur eux : il jette un regard affectueux et quasi-amoureux sur ceux qui pourraient être ton père avec qui tu as tant de mal à parler, ta grand-mère Madeleine (de Proust), ton voisin avec qui tu t'engueules jusqu'au prochain apéro, l'autre con de Roger qui fait chier tout le monde au bistrot (mais bon, le bistrot sans Roger, ça ne serait plus le bistrot) ou tes copains chasseurs avec qui tu n'es jamais brocouille de moments d'amitié partagés.

L'art de la nouvelle, Yan Lespoux l'a assurément : il soigne ses attaques, installe son cadre en quelques lignes, maîtrise habilement la concision et t'abandonne dans ses chutes, à la punchline qui tue ou au prolongement qu'il fait naître.

Une fois n'est pas coutume, je ne me suis pas jeté sur ces textes en lecteur affamé que je suis généralement. Je les ai distillés lentement durant un mois, au rythme d'un par jour et en parallèle d'autres lectures. Comme un roudoudou dont tu ne voudrais jamais qu'il finisse. Si je n'ai pas forcément retrouvé tous les cousinages américains convoqués par le Corre dans sa jolie préface, j'ai furieusement ressenti la filiation d'ambiance avec Maupassant, qui ne peut que faire sens pour Le Normand que je suis.

Les Français n'aiment pas les nouvelles paraît-il…
Les Français devraient lire Lespoux !
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