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Critique de Luniver


Un monde ravagé par la sécheresse. Des petites hordes humaines qui marchent des jours entiers dans des terres désertiques, allant de flaques de boue en flaque de boue pour tenter d'étancher leur soif. Toujours vers le Nord, où on raconte que les fleuves coulent toujours, que la pluie tombe encore, et que les récoltes sont assez bonnes pour permettre à tout le monde de vivre correctement.

La plongée dans ce monde dévasté est assez brutal, surtout qu'on a peu de données sur lui. Il se situe en Afrique central, on le comprend rapidement. À quelle époque ? Difficile à dire, car la connaissance a été aussi dévastée que les terres. Les anciens ne se rappellent que de quelques bribes de tradition orale. On parle d'une ancienne civilisation éclairée, qui a accompli des miracles. Sauf que le merveilleux matériau incassable, c'est notre plastique, et les « pièges à soleil », des bêtes panneaux solaires.

Cet étrange sentiment nous accompagne tout le long du livre : on a à la fois l'impression d'évoluer dans un lointain univers fantastique, et d'un autre côté, que les décisions politiques qu'on entend à la radio le jour même sont en train de créer sous nos yeux cet avenir potentiellement proche.

Tout a dérapé, mais le récit reste relativement silencieux sur les causes. le changement climatique est visible, mais à quoi est-il dû ? Cause naturelle ou humaine ? le savoir s'est littéralement effondré. Les survivants utilisent de vieux objets sans les comprendre et sont incapables de les réparer une fois qu'ils tombent en panne ; l'histoire du monde n'est plus constituée que de vagues légendes, on ne connaît de la planète que les quelques villes survivantes autour de soi ; les humains sont même devenus totalement ignorants des mécanismes de procréation. Ce qui les angoisse particulièrement, car la stérilité s'est également répandue dans la population, là encore sans cause précise. On croit reconnaître des essais de clonage pour sauver ce qui pouvait l'être dans certaines populations particulières, composées d'êtres tous identiques et légèrement abrutis, mais là encore sans certitude.

Le livre a un écho particulier aujourd'hui, où les grands déplacements de population, et les changements climatiques occupent une bonne part de l'actualité. Cet univers aux accents quasiment post-apocalyptiques est assez angoissant, et donne pas mal à réfléchir.

Une seule critique à faire, la capacité de Mara à éviter tous les dangers, et à devenir immédiatement amie avec les hauts personnages qui peuvent la protéger (à l'inverse de son frère, qui se prend tous les dangers imaginables de ce monde hostile dans les dents). Un peu plus d'équilibre entre les deux héros aurait sans doute permis d'éviter le sentiment de longueur à la fin du roman.

Malgré tout, je me suis imprégné pendant 15 jours de l'histoire de Mara et Dann, qui ne m'ont pas lâché un seul instant, et qui vont certainement un bon moment dans ma tête. Ce premier roman de l'année met décidément la barre très haut !
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