Citations sur La Révolution française (10)
La presse reconstitue l'agora ou le forum des républiques antiques ; elle rapproche les citoyens les uns des autres, leur permet de s'informer, mais aussi de partager et d'échanger. Son importance est d'autant plus grande, que les pratiques de lecture publique en autorisent la découverte collective, dans la rue, au café ou dans les clubs.
"l'opinion publique" est désormais un jugement collectif, savant et écrit, reconnu par l'expression nouvelle de "tribunal de l'opinion". A la faveur des Lumières, les hommes de lettres et les juristes se permettent de débattre de tout, de juger, de proposer ; les concours organisés par les académies de province, les procès célèbres ou ordinaires, la vie littéraire, la politique des ministres sont alors autant d'occasions d'écrire et d'échanger devant un public socialement toujours plus large. En recherchant le soutien de l'opinion publique, des ministres comme Turgot ou Necker affermissent d'ailleurs la légitimité de celle-ci et, de fait, opposent son autorité à celle du monarque (K. Baker).
Le XIXe siècle s'est déroulé à l'ombre de la Révolution et de l'Empire.
Le Directoire, par son refus simultané des royalistes et des démocrates, son pragmatisme politique, sa fermeté, son confiance dans l'exécutif, aussi, apparaît comme le laboratoire d'une "république du centre", ou comme de "l'extrême centre" - pour reprendre les expressions de l'historien Pierre Serna.
Pour l'heure, Robespierre est présenté comme un libertin, ambitionnant d'accéder à la couronne par la "terreur" et la traîtrise. Pour les vainqueurs du 9 thermidor, l'urgence est de détruire "l'idole" dénoncée et de lui dénier toute vertu. Outre son ambition supposée, son premier crime aurait été la loi du 22 prairial ; ce n'est que dans les mois suivants, parallèlement à un rejet toujours plus large de l'an II, que se construit la légende d'un Robespierre incarnant "la Terreur".
Le temps perçu par les contemporains des événements n'est pas le temps de l'historien.
Bien que "rendue au nom du roi" (loi des 16-24 août 1790, II 1), la justice nouvelle n'apparaît plus sous l'autorité de Dieu et du souverain-monarque, mais sous celle de la Loi et de la souveraine-nation ; sa légitimité change, tout comme se transforment son organisation et sa logique, dans le prolongement d'un débat public devenu vif depuis les années 1760 et l'édition française du Traité des délits et des peines de Beccaria (1766), qui a prôné la dépénalisation des crimes ne causant aucun dommage à la société (suicide, blasphème, hérésie…), la légalité des délits et des peines (leur définition par la loi), la disparition de la torture judiciaire ("question") et l'abolition de la peine de mort.
Deux ans plus tard (1797), le contre-révolutionnaire Joseph de Maistre reprend cette lecture providentialiste , cette fois pour décrire la Révolution comme une "punition" des crimes humains et la promesse d'une "exaltation du christianisme et de la monarchie"
Une nouvelle distribution de la richesse produit une nouvelle distribution du pouvoir.
BARNAVE
Au printemps 1789, de la séance d'ouverture des Etats généraux ( mai) à l'annonce d'un transfert de la souveraineté du roi à la nation, par la fondation de l'Assemblée nationale (17 juin), l'Etat moderne s'effondre en quelques semaines, à peine. Devant un évènement si brutal, la préexistence d'une "crise" monarchique paraît évidente.