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Critique de Alzie


Alzie
11 décembre 2014
Puisqu'il n'y a pas de description éditeur, autant que le lecteur se plonge en toute confiance dans le regard sage et pensif qu'Edouard Vuillard lui adresse en ouverture, autoportrait au canotier datant de 1888 (collection particulière), réalisé alors qu'il a tout juste vingt-ans. Il vient de quitter l'Académie Julian, est devenu l'élève du peintre Gérôme, aux Beaux-Arts, et ne va pas tarder à le quitter pour un travail plus « libre » au Louvre, car il préfère côtoyer d'autres maîtres (Chardin, Vermeer, Léonard, Poussin, Titien, Rembrandt). 1888, c'est également l'année précise où Paul Gauguin donne sa leçon de Pont-Aven à Sérusier qui peindra sous sa dictée le paysage au Bois d'Amour, petit tableau qui deviendra le Talisman des Nabis.

« Enfant de la petite bourgeoisie, Edouard Vuillard abandonne une carrière militaire que sa famille souhaitait pour lui et, par le biais de l'amitié (celle de Maurice Denis et de Ker Xavier Roussel rencontrés au lycée Condorcet), découvre la peinture. Il est moins du côté du dandy que du rapin. Sans en adopter le caractère débraillé et provocateur. Il figurerait bien dans une nouvelle De Maupassant mais le caractère feutré de son tempérament et de son mode de vie le fait passer dans le monde ouaté et délicat de Proust, sans en avoir l'éclat et la morgue. »

Livre d'une immense poésie visuelle. Une composition qui réserve la part belle à la peinture du plus intimiste des Nabis (avec son ami Bonnard sans doute), en lui accordant la plus large respiration possible dans des pages magnifiquement illustrées, que les commentaires de Jean-Jacques Lévêque accompagnent avec beaucoup de pertinence et de délicatesse. Les thématiques retenues pour le découpage des chapitres, toujours très courts, restent en parfaite harmonie avec les oeuvres nombreuses présentées ; un atelier de couture, des femmes, l'épaisseur des textures et des matières, le foisonnement végétal d'un parc public, un salon bourgeois, les jeux d'un enfant, un moment de lecture, un profil perdu sous le halo d'une lampe, un portrait. Pudique, furtive, sensuelle, la touche de Vuillard s'attache aux sujets les plus familiers et échappe cependant à toute banalité.

Bien sûr, c'est le Vuillard de la première heure qu'on préfère, mais l'oeuvre entier se laisse admirer même si dans les dernières années le retour à l'ordre semble l'avoir gagné.
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