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Critique de JeanLouisBOIS


le travail, c'est toute une histoire.

Avec La Clé à molette, Primo Levi aborde un thème peu présent dans les romans du 20ème siècle : le travail manuel comme outil de dignité humaine et de relations entre les individus par la transmission de connaissances spécifiques et par la source d'histoires racontées et échangées.
Cet ouvrage constitue véritablement un roman, même s'il, peut apparaître au premier abord comme un recueil de nouvelles. En effet, Faussone raconte au narrateur très semblable à l'auteur (italien, chimiste, écrivain) le récit de son expérience de monteur international et c'est l'occasion de mettre en scène de nombreuses petites saynètes relatant son mode de vie avec les joies et les peines qui en résultent. Il en ressort un amour du travail bien fait mais aussi une certaine affection pour le travail qui ne se passe pas comme prévu et qui exige du monteur une capacité de dépasser ses habitudes pour pouvoir résoudre les problèmes qui se présentent. Ces obstacles plus ou moins bien surmontés représentent pour Faussone le sel de son métier et la base des histoires qu'il prend plaisir à raconter. La confrontation entre le travail manuel et intellectuel aboutit souvent à des rapprochements où la complémentarité et une certaine similarité se font jour et où l'opposition est souvent surmontée. D'autant que le narrateur a lui aussi son histoire à raconter ce qui en fin de compte rapproche les deux compères et les place sur un pied d'égalité ou de comparaison. On voit donc que l'ensemble de cette trame structure un roman à partir de récits a priori dispersés.
On trouve aussi dans La Clé à molette des réflexions sur l'importance de l'auditeur et sur le roman en train de s'écrire qui donnent à ce livre une profondeur supplémentaire. On pourrait même y trouver une sorte d'allégorie de l'écrivain. En effet, un auteur de livres se nourrit d'expériences multiples et variées comme celles que Faussone se plaît à raconter. Puis le romancier crée une histoire originale qui fait la synthèse du matériau brut en utilisant ce qui l'intéresse comme il y est fait allusion dans La Clé à molette. Cet effet de miroir, cette mise en abyme renforce évidemment le charme du récit où on sent les clins d'oeil amusés de Primo Levi.
On a ainsi affaire à un roman drôle et désabusé, mais pas comique et pas désespéré où percent à chaque page l'humanisme et l'universalisme de l'auteur italien.

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