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Critique de Sachenka


L'holocauste et les camps de concentration ont fait couler beaucoup d'encre. Primo Levi, qui a survécu à cette expérience traumatisante, a d'ailleurs rédigé plusieurs romans autobiographiques à ce sujet. Toutefois, l'un d'entre eux, La trêve, s'attarde sur l'«après». En effet, le 27 janvier 1945, quand les Soviétiques libèrent les prisonniers d'Auschwitz, ils ne les renvoient pas chez eux en première classe. Pour tout dire, ils ne savent pas quoi faire de tous ces gens. le chemin sera long, difficile et rempli d'obstacles. Bref, Juifs ont connu l'enfer mais ils n'étaient pas au bout de leurs peines. Les Soviétiques les renvoient bien en train, de la Pologne à l'Ukraine, mais pas en ligne droite, parfois ils doivent attendre plusieurs jours pour une connexion. Puis, les autorités décident de leur faire prendre un chemin différent, puis un autre, ou bien de les faire attendre sans raison apparente. Les convois se croisent, partent dans des directions opposées puis se croisent à nouveau. Ainsi, pendant plusieurs mois, ils se promènent de la Biélorussie à la l'Allemagne, en passant par la Roumanie et la Hongrie. « Des milliers d'étrangers, en transit comme nous, appartenant à toutes les nations d'Europe, bivouaquaient là, partie dans ces casernes de cauchemar, partie en plein air, dans les vastes cours envahies par l'herbe. » (p. 144) C'était absurde mais, hélas, trop vrai ! À certains moments, les rations se faisaient rares, parfois inexistantes. Pour survivre, il fallait de la débrouillardise, faire du troc ou voler, connaitre les bonnes personnes, ce qui peut mener à des situations cocasses. En effet, certains coreligionnaires montent des opérations dignes des gangs de rue. Mieux vaut en rire qu'en pleurer. Et quand la faim disparaissait, c'était le sommeil ou les contacts humains qui commençaient à manquer. Toutefois, le roman n'est pas qu'une longue plainte. Par exemple, à l'un de leurs transits, en projette des films ou bien on improvise un théâtre où l'on chante des chansons. C'est poignant, oui, mais Levi a entrecoupé son roman de quelques passages doux-amers, ironiques, même drôles qui enlèvent (presque) toute lourdeur. Bref, La trêve, c'est un autre opus à la résilience de ces pauvres hommes et de ces pauvres femmes, qui ont tant enduré pendant la Deuxième guerre mondiale et dont les souffrances se sont poursuivies bien au-delà de ce qui était nécessaire. Je ne divulgache rien : puis que Levi a écrit son autobiographie, on sait qu'il a réussi à retourner chez lui dans les dernières pages du roman. le 19 octobre 1945, après huit mois de déambulations. J'ai lâché un soupir de soulagement. Pour l'auteur, c'était un rêve qui se réalisait enfin. À moins qu'il ne s'agisse d'un rêve à l'intérieur d'un cauchemar ? Comment le savoir ?
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