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Critique de chartel


Il y avait bien longtemps que je souhaitais lire "Si c'est un homme" de Primo Levi, roman autobiographique sur l'expérience concentrationnaire dans le camp (plutôt le lager comme il dit) d'Auschwitz. Je comprends que cette oeuvre ait marqué les esprits, car elle a permis et elle permet encore (c'est l'une des grandes forces de l'écriture sur support papier) de témoigner des atrocités subies par des millions de femmes et d'hommes de tous âges sans véritable raison. C'est un remarquable document historique offrant un éclairage salvateur sur cet effrayant système concentrationnaire allemand. Primo Levi a le don de rendre sensible la progressive descente aux Enfers d'hommes devenant en bout de chaîne de simples parasites, des bêtes immondes et répugnantes qu'il paraît, au bout du compte, logique d'exterminer. Ces métamorphosés sont confrontés à une sorte de sélection naturelle à la Darwin, où le plus volontaire, le plus malin et le plus chanceux (ce dernier facteur étant apparemment capital) passera entre les fourches caudines de la barbarie allemande. Et le plus terrible est l'abattement total de nombreux prisonniers, conscients de leur nouveau statut, conscients de ce que le sort leur réserve, mais qui ne peuvent plus réagir, car il est trop tard, ils sont trop isolés, coupés du monde et oubliés du plus grand nombre.
Autre fait marquant, les principales causes des souffrances. Ce ne sont pas, contrairement à ce que l'on pourrait penser, les coups et les mauvais traitements infligés aux détenus par des kapos brutaux et sadiques, mais la faim et le froid. Se faire taper par un abruti ne dure guère longtemps, on encaisse et ça passe, mais vivre par vingt degrés en dessous de zéro, avoir les doigts de pied gelés et ne plus tenir sur ses jambes à cause d'une faim tenace qui vous ronge le corps est plus qu'insupportable. Primo Levi fait partie des miraculés ayant survécu à cette horreur, peut-être parce qu'au fond de lui il voulait crier au monde ce qu'il avait vécu.
Enfin, il est bon de rappeler que cette oeuvre, la première de Primo Levi, écrite après la guerre, n'est pas irréprochable littérairement parlant. Contrairement à "Être sans Destin" d'Imre Kertész, qui traite également d'une expérience à Auschwitz, où témoignage et littérature se complètent magnifiquement bien, l'intérêt de "Si c'est un homme" réside avant tout dans le témoignage.
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